Il y a 60 ans de nombreux pays africains obtinrent leur indépendance

Même si elle est demeurée formelle en raison des liens de subordination qui rattachent de nombreux pays africains à leurs anciens colonisateurs, cette indépendance est à marquer d’une pierre rouge, rouge du sang des martyrs africains.

Les Africains ont supporté la férocité de l’esclavagisme blanc durant plus de quatre siècles. Des massacres sans nom. Plusieurs millions d’Africains assassinés, déportés ou balancés par dessus bord des navires négriers. Quatre siècles auxquels succéda sur tout le continent africain un siècle de terreur et de domination totale des puissances coloniales.

L’Afrique tout entière a été ravagée, pillée, détruite. Non contentes d’avoir imposé des rapports d’asservissement sans fard, les puissances impérialistes ont pratiqué des atrocités innommables à grande échelle pour maintenir leur domination implacable sur les individus. Des millions d’Africains ont été mutilés d’un bras ou d’une jambe et jetés dans la nature comme des ordures. C’était l’oeuvre de gens prétendument civilisés venant apporter la civilisation d’Europe.
Quel peuple africain, peut-il oublier cette période apocalyptique de souffrances et d’humiliation ?

Oui, le premier jour de l’indépendance fut une joie immense qui restera gravée dans les mémoires pour toutes les nouvelles générations. Bien sûr les peuples africains ne sont pas dupes. Ils savent que c’est une souveraineté encore limitée, l’ennemi ne lâche pas prise facilement, mais c’est une première victoire après plusieurs siècles de résistance contre les esclavagistes et les colonisateurs. Les esclaves n’ont jamais accepté leur sort. Dès le début, ils se sont révoltés contre ces monstres esclavagistes qui n’avaient rien d’humain. Les révoltes furent toujours noyées dans le sang, mais elles ne se sont jamais arrêtées. La plus emblématique d’entre elles fut la grande révolte des esclaves de Saint Domingue dirigée par Toussaint Louverture, un esclave affranchi, héros de l’indépendance de l’île. L’abolition de l’esclavage ne fut pas un geste de bonté ou d’humanité de ces monstres, mais fut bien le fruit de cette résistance ininterrompue.

La lutte contre le colonialisme a continué avec son lot de misère, d’exploitation et de nombreuses révoltes sauvagement réprimées.

Pendant des siècles le racisme contre les peuples noirs d’Afrique a perduré, notamment aux USA dans des conditions d’une violence inouïe. Le lynchage en fut la forme la plus ignoble. Les assassinats de masse ont continué jusqu’en 1960. Le peuple noir des USA est avant tout un peuple africain déporté par la force. Encore même aujourd’hui le racisme subsiste et est entretenu dans de nombreux pays capitalistes pour diviser les travailleurs exploités selon la couleur de leur peau.
Les puissantes manifestations qui se déroulent dans le monde entier sont une lueur d’espoir pour l’humanité tout entière.

Les indépendances proclamées en Afrique (sub-saharienne) il y a 60 ans et même la satisfaction partielle de certaines revendications des travailleurs ne furent pas des cadeaux octroyés. Elles furent avant tout le résultat du combat incessant des peuples contre la barbarie capitaliste.

La première grande victoire des peuples fut incontestablement la révolution d’octobre 1917 dirigée par le parti bolchevique fondé par Lénine. Elle changea le rapport des forces dans le monde durant tout le 20 ème siècle. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, se sont les travailleurs qui ont pris le pouvoir dans un pays, dans l’immense Russie. La naissance de l’Union Soviétique ébranle le capitalisme. Le drapeau rouge orné de la faucille et du marteau est l’emblème de l’alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie, le symbole de l’appel à l’union du prolétariat mondial et des peuples opprimés. Pour la première fois le capitalisme subit une défaite historique. Un maillon de sa puissance a été brisé. C’était la naissance du premier pouvoir ouvrier et paysan dans le monde. La hargne des régimes bourgeois contre la jeune Union Soviétique se déchaînera violemment. Pendant des années, ils tenteront de détruire ce foyer dangereux pour leur système. Ils vont aider et pousser les armées nazies de Hitler contre l’Union Soviétique. En vain. La vaillante armée rouge, dirigée par le Parti communiste de l’Union Soviétique a balayé militairement une des plus puissantes et des plus barbares armées du monde impérialiste. Le drapeau de l’emblème du communisme qui a flotté au dessus du Reichstag a mis fin à cette terrible guerre. Les ennemis du socialisme s’affolèrent. La victoire de la puissante armée rouge va donner un prestige extraordinaire à l’Union Soviétique et déclencher un vent de panique dans le monde capitaliste. L’Union Soviétique était devenue une force qui imposa le respect dans le monde et prodigua un appui certain aux peuples de la terre. C’est pourquoi toutes les énergies du régime capitaliste-impérialiste furent concentrées au lendemain de la liquidation du régime nazi et nippon sur l’objectif de la destruction de l’URSS. Cet objectif fut malheureusement atteint au début des années 1990 à la faveur du grand regain de l’opportunisme des catégories sociales qui n’avaient jamais cessé de saboter de l’intérieur l’édification du socialisme. Leurs méthodes d’action visèrent à couper les partis communistes de leurs bases sociales puis à tromper les travailleurs à l’aide de promesses résumées par le slogan gorbatchévien mensonger « davantage de démocratie pour davantage de socialisme ».

La victoire de l’URSS et des forces du socialisme en mai 1945 va déclencher un puissant tsunami de liberté et briser les chaînes de domination des peuples et de l’exploitation des travailleurs.

Les peuples dominés par les puissances coloniales ont senti indéniablement le souffle de ce vent de liberté venu de l’Est qui va leur redonner courage dans la lutte contre la barbarie colonialiste.
Des mouvements de libération nationale vont éclore de partout et se renforcer. De partout ces mouvements de libération nationale vont recevoir des aides en armement conséquent et un soutien politique déterminant de la puissante Union Soviétique, de la Chine, des pays socialistes et des partis communistes du monde entier. Cette aide massive désintéressée et ces luttes provoqueront la fin du colonialisme un peu partout dans le monde et en particulier dans les pays africains.

Deux moments historiques déterminants du réveil des peuples coloniaux ont sonné le glas de la barbarie colonialiste. En premier lieu : le 7 mai 1954, le camp retranché français de Diên Biên Phu tombe sous l’assaut des troupes du général Giap, commandant de l’armée Viêt-minh et aussi quelques années plus tard la défaite lamentable de l’armée américaine à Saïgon en avril 1975 qui a mettre fin à la terrible guerre contre le peuple vietnamien. Ce fut une des plus grandes défaites de l’impérialisme. Les deux plus puissantes armées du monde capitalistes ont subi une défaite cinglante d’un petit pays comme le Viet Nam. Cette victoire historique, n’était pas seulement celle du Viêtnam, mais de tous les peuples dominés par le colonialisme. Le peuple vietnamien a montré l’exemple.

Le deuxième moment tout aussi très important fut le 5 juillet 1962. Après 8 années d’une guerre terrible contre le colonialisme français, c’est bien sûr la victoire du peuple algérien qui retrouve sa liberté mettant fin à plus de 130 ans d’une monstrueuse occupation coloniale.

Mais même avec un rapport de force favorable, les indépendances ne se sont pas déroulées pacifiquement dans les pays qui n’eurent pas à mener des luttes armées aussi dures qu’au Vietnam et en Algérie. Les massacres de grande ampleur, les assassinats de dirigeants ciblés, les coups d’État n’ont jamais cessé. En 1947 l’armée coloniale française a maté la révolte de Madagascar. La répression a fait plus de cent mille morts. Deux ans avant, le 8 mai 1945 près de 45000 morts en Algérie lors des massacres de Sétif. Et bien sûr d’autres tueries aussi sauvages.

La presque totalité des pays africains a subi les atrocités de la barbarie colonialiste.

Mais le plus abjecte, c’est l’occupation de la Palestine par Israël. Le lendemain de la proclamation de l’Etat d’Israël, les Palestiniens commémorent la "Nakba", ou la "grande catastrophe ». Entre 1947 et 1949, environ 800 000 Palestiniens, mais certainement plus, ont été chassés de leur terre ancestrale par les forces israéliennes. Mais l’expulsion de Palestiniens avait commencé bien avant sous occupation britannique.
La haganah, l’armée juive soutenue par l’occupant britannique, va massacrer les Palestiniens et les chasser de leur terre.

Oui, ces indépendances ont été arrachées par la lutte incessante des peuples opprimés par les puissances coloniales. C’était surtout grâce à la présence de l’Union Soviétique qui tenait les puissances impérialistes en respect.

Aujourd’hui les pays africains fêtent leur indépendance, mais l’enthousiasme n’est plus au rendez-vous. Depuis 1991, après la victoire de la contre-révolution en URSS, le rapport des forces a rebasculé dans le camp impérialiste. Ce fut une des plus grandes tragédies pour l’humanité tout entière, d’abord pour le peuple soviétique, qui a tout perdu des avantages du régime socialiste.

La Russie est devenu un pays capitaliste et impérialiste. En Russie maintenant, comme dans tous les pays capitalistes, il y a des millions de chômeurs, des milliers de sans abris, des mendiants, des hordes d’enfants abandonnés, des femmes qui accouchent et qui abandonnent leur enfants, des bidonvilles, des villes entières laissées en jachère, etc. Les travailleurs sont redevenus des marchandises, les voleurs sont au pouvoir. Les pays impérialistes redoublent de férocité dans leur sinistre besogne mortuaire pour reprendre par tous les moyens ce qu’ils avaient perdu du temps de l’Union Soviétique : les territoires concédés et la domination des nations faibles, le contrôle des ressources naturelles, minérales et agro-alimentaires, les voies de communication, la force de travail, en un mot, continuer le pillage des pays sans entrave.

Le peuple irakien a subi le retour en force de l’impérialisme dans la région par une guerre dévastatrice et des millions de morts. Le pays est ravagé. D’autres guerres, des coups d’États, des ingérences et le massacre des populations … des millions de personnes fuyant les guerres et le pillage de leurs pays, tel est le lot des monstres impérialistes dans le monde.

Même dans les pays capitalistes riches, les travailleurs subissent les conséquences de la fin de l’URSS. Les travailleurs dans les pays riches perdent leurs conquêtes sociales. Le patronat est déchaîné pour augmenter ses profits.

Certains pays sont encore sous domination coloniale, la Palestine par Israël, le Sahara occidental par le Maroc, Mayotte et des Iles des Caraïbes, la Nouvelle Calédonie sous domination coloniale de la France.

La fin de l’Union Soviétique a provoqué un gigantesque recul politique et culturel dans le monde. Les forces les plus réactionnaires se sont renforcées dangereusement et ont repris leur politique néfaste contre les peuples et les travailleurs. Les courants fascistes ne se cachent plus.

Cependant, la lutte des classes n’a pas disparu mais a repris plus intensément que jamais.
L’Afrique, un continent de plus de 1 milliard cinq cent millions d’habitants, possède des richesses inestimables où la mainmise impérialiste est la plus importante. Tous les pays africains sont sous un système capitaliste et sont gouvernés par des bourgeoisies corrompues et inféodées aux puissances impérialistes. Les indépendances plus que jamais sont remise en cause. L’impérialisme a remplacé les anciennes méthodes de domination par des formes plus subtiles basées sur la domination financière. Les armées étrangères sont toujours présentes dans la plupart des pays africains pour garantir les intérêts du capital financier. Elles sont en position de chien de garde des intérêts de leurs multinationales. La corruption généralisée est une de leurs méthodes la plus utilisée. On achète les dirigeants. Puis la banque mondiale, le FMI, de l’OMC font le reste, l’endettement des pays est leur arme préférée. Les pays endettés vivent avec l’épée de Damocles sur la tête, impossible d’y échapper. Que dire sur ce franc CFA ECO géré par la Banque de France ? Près d’une quinzaine de pays l’ont adopté. Comment parler d’indépendance ? Mais les autres pays ne sont pas mieux lotis.

Après 60 ans d’indépendance formelle, pratiquement, tous les pays africains sont encore sous tutelle des puissances impérialistes avec la complicité des bourgeoisies archi-corrompues. L’indépendance réelle est encore à conquérir.
Les peuples africains ont un seul recours, la lutte, une lutte sans relâche, contre ce système prédateur et chasser ces bourgeoisies parasitaires. Changer de régime. Seule alternative au capitalisme : le socialisme

LIÈS SAHOURA