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Les révolutionnaires cubains étaient en Algérie pendant la guerre de libération
mercredi 6 mai 2015, par
En pleine guerre de libération, en 1960, les autorités révolutionnaires cubaines reçurent une délégation du GPRA, et le 27 juin 1961, Cuba fût le seul pays de l’hémisphère occidental à reconnaître celui-ci. Cette décision entraina des représailles immédiates de la part du gouvernement français qui s’aligna sur la politique hostile croissante de l’impérialisme des Etats-Unis contre la jeune révolution des Caraïbes. Ce que le Prix Nobel colombien Gabriel Garcia Márquez rapportera plus tard dans sa chronique :
« En Algérie, bien avant que la Révolution Cubaine proclamera son caractère socialiste, déjà Cuba avait prêté une aide considérable aux combattants du FLN dans leur guerre contre le colonialisme français. Au point que le gouvernement du général De Gaulle interdit, en représailles, les vols de Cubana de Aviación sur l’espace aérien français ». [1]
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Au début de l’été toujours en 1961, à seulement quelques mois d’avoir mis en échec le débarquement mercenaire de la Baie des Cochons en avril 1961 organisé par les Etats-Unis contre la révolution cubaine, l’un des collaborateurs du Che depuis la Sierra Maestra, Jorge Ricardo Masetti, connu aussi comme « Comandante Segundo », le journaliste argentin qui créa l’agence de presse Prensa Latina à La Havane, et qui par la suite mourut en combat alors qu’il tentait de constituer, sur orientation du Che, un mouvement guérillero contre la dictature dans le nord de l’Argentine avec l’appui de Cuba et du FLN en Algérie. [2]. Après avoir acquit un peu d’expérience combative dans certaines missions d’appui à la révolution en Algérie avec le FLN [3]. sur le terrain où il eu une expérience pratique dont il profita pour connaître la lutte dans les zônes urbaines et rurales. [4] Il fut envoyé par le leader de la révolution cubaine et premier ministre Fidel Castro en octobre 1961 en Tunisie avec pour mission de prendre contact avec les dirigeants du FLN et rencontrer le président du Gouvernement Provisoire Youssef Ben Khedda, Houari Boumediène et d’autres dirigeants de l’époque á Tunis et à Oujda au Maroc, pour leur faire part de la disposition et de la décision de la révolution cubaine à aider la cause algérienne et leur demander sur les manques qu’ils ont pour les accompagner dans leur lutte. Ce messager, révolutionnaire discret et vigilant, se réunit avec les dirigeants de la guerre de libération. Comme résultat il y eu l’accord que Cuba enverrait des armes et des munitions [5].
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Le journaliste argentin, el commandante Segundo, revenait à Cuba de ces montagnes maghrébines avec donc la réponse affirmative. Et la nouvelle question de Fidel était « Où seraient acheminées les armes sollicitées ? » [6]
Cette même année, en décembre 1961, le navire cubain Bahia de Nipe levait l’encre avec à son bord une importante cargaison de sucre, d’armes et de munitions, et arriva en janvier 1962 au port de Casablanca, au Maroc. L’embarcation fut reçue par le même Masetti dépêché dans ce port avec anticipation sur ordre de Fidel et du Che pour garantir la réception et la remise de la cargaison aux combattants algériens.
En sus de la grande quantité de sucre, le matériel militaire consistait en 1500 fusils, plus de 30 mitrailleuses, quatre mortiers de 81mm et une grande quantité d’obus pour mortiers [7]. Le lot entier de fabrication nord-américaine, neuf brillant, avait été capturé à l’armée de Batista et aux mercenaires de Playa Girón quelques mois auparavant. Le sucre et tout ce qu’il « signifiait » de raison pour une telle cargaison fut acheminé vers les campements du FLN situé près d’Oujda, ville frontière du Nord-Est Marocain, quelques conseillers militaires cubains garantiront l’instruction des combattants-es algériens-nes dans l’utilisation de ces armes.
De retour à La Havane, le Bahia de Nipe transportait 78 combattants algériens grièvement blessés dans les combats et qui allaient être soignés à Cuba, ainsi que 20 enfants des camps de réfugiés, orphelins pour la plupart, qui furent pris en charge par l’Institut Cubain d’Amitié avec les Peuples (ICAP). Le quotidien cubain Révolution reflétait l’information á l’époque en affirmant que « (…) Les enfants feront leurs études et grandiront ici à Cuba (…) et un jour ils seront des citoyens productifs dans une Algérie libre ». Certains de ces combattants complèteront leur formation militaire à Cuba en vue des futurs affrontements contre les forces colonialistes françaises.
Une péripétie de l’histoire commune de deux peuples et deux révolutions empreintes de cet attachement au principe sacré de la solidarité et qui marque pour la révolution cubaine la première action internationaliste du genre dans le continent africain ; et pour l’Algérie tout ce que l’indépendance et la libération du joug du colonialisme quelques mois plus tard et les orientations progressistes qui s’en suivront apporteraient dans la pratique aux mouvements de libération nationale et aux luttes contre les dictatures en place en Amérique Latine et dans le monde. Un autre sujet d’intérêt qu’il faudra aborder un jour et enseigner à nos enfants dans les écoles.
[1] Revista Tricontinental, édition 53 de 1977
[2] Manuel Piñeiro : - "El Che nunca se sintió ni derrotado, ni desmoralizado" de Luis Suarez Salazar Ivette Zuazo y Ana María Pellón - www.cubadebate.cu - Voir sur http://m.rlp.com.ni/articulos/2101
[3] Idem
[4] Propos rapportés par le Général du Corps de l’Armée et Ministre de l’Intérieur de Cuba, Abelardo Colomé Ibarra (Furry), - Document de la "Bibliotèque Virtuelle de la Philosophie y et de la Pensée Cubaines" - http://biblioteca.filosofia.cu/
[5] El panafricanismo como movimiento, - document édité par le MINREX (Ministerio de Relaciones Exteriores de Cuba) – Site officiel : http://www.cubaminrex.cu/es/el-panafricanismo-como-movimiento-origen-factores-para-su-surgimiento-tendencias-y-evolucion-de-su-2
[6] “Argelia revoluciona la salud pública y la relación con Cuba” - Par GABRIEL MOLINA – site du Parlement Cubain - http://www.parlamentocubano.cu/index.php?option=com_content&view=article&id=654:argelia-revoluciona-la-salud-publica-y-la-relacion-con-cuba-&catid=74:lo-que-el-mundo-opina-sobre-cuba&Itemid=153
[7] Document de la "Bibliotèque Virtuelle de la Philosophie y et de la Pensée Cubaines" http://biblioteca.filosofia.cu/