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Il y a 60 ans Le maquis de l’Orléanvillois
lundi 4 avril 2016, par
Dans le Chélif, à la suite de l’organisation de groupes dans le Dahra (Tenès, Cherchell) et l’Orléanvillois (El Asnam, Oued Fodda, Duperré), une unité des combattants de la liberté (CDL) fut mise sur pied, comprenant notamment Mustapha Sâadoune membre du comité central, Hamid Gherab sous-lieutenant déserteur, Maurice Laban instituteur et ancien des brigades internationales en Espagne, Mohamed Boualem responsable des dockers d’Oran et Henri Maillot aspirant déserteur et ancien responsable des jeunesses communistes, ainsi que des jeunes paysans de la région.
Le groupe était installé dans un refuge à Béni-Rached. Ce douar avait beaucoup souffert du séisme du 9 septembre 1954 et avait vu à l’œuvre les militants communistes, à cette époque. C’est pourtant un fief de la famille Sayah, cette famille de grands propriétaires fonciers dont un représentant était président de l’Assemblée algérienne. Son fils, Robert-Mohamed Sayeh, avait été amené à collaborer avec l’ALN, tout comme le fils d’un autre grand propriétaire foncier de la région, Boutaïba, ancien sénateur indépendant. Abdelkader Babou, sous le nom de Si Youcef, se trouvait à El-Asnam et ses environs immédiats, en compagnie d’un autre membre du comité central du PCA, Abdelhamid Boudiaf, venu du Constantinois. Babou, qui cherchait à contacter le FLN-ALN, avait donné au groupe la consigne de ne pas bouger de ce refuge, qui représentait un lieu sûr. Au mois de mai 1956, le groupe s’est muni d’armes, prises de guerre des CDL durant le même mois.
L’implantation avait été choisie en fonction de la proximité des massifs boisés du Dahra et de l’Ouarsenis et de l’influence communiste dans le milieu de la paysannerie. Babou avait le choix entre l’Atlas blidéen et cette région pour s’y implanter. Il préféra cette région, qui offrait l’avantage de compter de nombreux paysans communistes et dont le maquis était proche de Duperré (Aïn Defla).
L’Ouarsenis, où le parti n’avait pas de militants, n’était qu’à une bonne nuit de marche et constituait un refuge naturel. Il en était de même pour le Dahra, où le parti pouvait compter sur l’appui des cellules de Ténès, Cherchell et Beni Haoua. Quant à El-Asnam
(Orléansville), c’était le centre urbain le plus important de la plaine du Chélif, dans sa partie la plus proche du refuge de Beni Rached, à près de trois heures de marche. La ville avait des cellules communistes qui pouvaient apporter un soutien logistique. Le choix du lieu d’implantation a été mûrement réfléchi et présentait de nombreux avantages, contrairement à ce que pensait un ancien membre du PCA, Henri Alleg, qui écrivait que la région où s’était implanté Maillot était mal choisie... Pendant que
Abdelkader Babou prenait contact à Alger avec le F.L.N, le groupe des CDL installé à Beni Rached recevait un agent de liaison, paysan vivant dans ces lieux, qui leur proposa un endroit plus sûr que celui où il se trouvait.
Qui avait envoyé cet agent de liaison, connu du groupe ? Ce n’était ni Abdelhamid Boudiaf, ni Abdelkader Babou. Et c’est là que résidait le premier mystère.
Le deuxième point obscur est que cet agent de liaison les conduisit prés de Beni Boudouane, alors qu’à l’époque, il existait des centaines d’endroits boisés et montagneux où l’armée française ne mettait pas encore les pieds. Toujours est-il que le groupe alla se jeter, comme on dit, « dans la gueule du loup ».
Ce n’est qu’à son retour à Orléansville que Babou apprendra la fin du groupe de Beni Rached, le 5 juin 1956, qu’il pensait retrouver dans le refuge où il l’avait installé.
Membres du groupe tombés au champ d’honneur :
– Henri Maillot, 28 ans.
– Maurice Laban, 42 ans .
– Abdelkader Zalmat, 43 ans.
– Djillali Moussaoui, 38 ans.
– Belkacem Hanoun, 19 ans.
Rescapés :
– Abdelhamid Gherrab.
– Mohamed Boualem.
– Mustapha Saadoune.
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Tahar El-Hocine
Hussein Dey – Alger
in Alger républicain
Juin 2006
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NB : Voir L’Algérie en guerre, de Mohamed Teguia.