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« Voici pourquoi je suis sur le point de brûler mon passeport israélien »

mercredi 23 juillet 2014

Je ne peux plus supporter que des politiciens israéliens comme Ayelet Shaked approuvent la mort de femmes et d’enfants palestiniens innocents.

Elle est jeune. Elle est jolie. Elle a un diplôme universitaire d’ingénieur en informatique. Elle est également parlementaire israélienne, et la raison pour laquelle je suis sur le point de brûler mon passeport israélien. Parce que derrière ce visage innocent et ces grands yeux se cache l’Ange de la Mort.

Ayelet Shaked représente le parti d’extrême droite Jewish Home dans la Knesset. Ce qui veut dire qu’elle se trouve encore plus à droite que Benjamin Netanyahu, juste au cas où vous penseriez qu’une telle chose serait impossible.

Ce lundi, elle a publié sur sa page Facebook :

"Derrière chaque terroriste se cache une dizaine de femmes et d’hommes, sans quoi il ne serait pas en mesure de s’engager dans la voie du terrorisme. Ce sont tous des combattants ennemis, et leurs têtes devraient être couvertes de leur propre sang. Ceci vaut aussi pour les mères des martyrs, qui les envoient en enfer avec des fleurs et des baisers. Elles devraient suivre leurs enfants, rien ne serait plus juste. Elles devraient quitter ce monde, tout comme leurs maisons dans lesquelles elles ont élevé les serpents. Autrement, davantage de petits serpents y seront élevés."

Une semaine auparavant, juste avant que Mohammed Abu Khdair, âgé de 17 ans, ne soit enlevé puis brûlé vif, Shaked écrivait :

« Ce n’est pas une guerre contre la terreur, ni une guerre contre des extrémistes, ni une guerre contre l’Autorité palestinienne. En réalité, c’est une guerre entre deux peuples. Qui est l’ennemi ? Le peuple palestinien. Pourquoi ? Posez-leur la question, ce sont eux qui ont commencé. »

Alors avant même que ce jeune homme ne décède dans des conditions horribles, elle déclarait qu’il était son ennemi, puis sans jamais feindre d’avoir des remords ou de se sentir coupable, elle appelait

que davantage de femmes enceintes innocentes soient tuées.

Elle m’a fait penser à la mère de ma sœur, Klara, et ses trois petits bambins qui vivaient à Cracovie en 1939, lorsque les Allemands ont envahi la Pologne. Ils avait décidé que les juifs (tous les juifs) étaient des ennemis et devaient être éliminés, y compris les femmes et les petits serpents qu’elles élevaient.

« Pourquoi ? Posez-leur la question : ce sont eux qui ont commencé »,

auraient affirmé les nazis si on leur avait posé la question.

Je n’ai jamais rencontré Klara ni ses enfants, qui sont morts en 1942. Par contre, j’ai rencontré mon oncle Romek, qui a survécu en travaillant dans l’usine de Oskar Schindler, ainsi que sa femme Yetti, qui a survécu car elle parlait bien l’allemand et qu’elle était en mesure de faire croire aux Allemands qu’elle était elle-même une bonne Allemande qui avait mis à la porte son mari juif polonais, et qu’elle souriait joliment à chaque nazi qu’elle rencontrait.

Le frère de mon père, Shmuel, et sa jeune famille, ont également péri avant ma naissance, ayant été arrêtés en Hollande, où ils s’étaient réfugiés après avoir fui Berlin, puis déportés vers le même camp où Anne Frank est morte.

Je sais ce que veut dire le fait d’avoir été des victimes sans aucun secours, vivant et mourant sous les pieds d’oppresseurs racistes, et je sais que les Israéliens d’aujourd’hui ne sont plus les victimes, mais bien les orchestrateurs de la crise actuelle. Oui, le Hamas est un groupe de redoutables assassins emplis de haine qui plongeraient Israël tout entier dans le malheur s’ils en avaient les moyens. Mais le fait est que c’est Israël qui dispose de tanks, de bombardiers, d’artillerie, de têtes nucléaires et de défenses anti-missiles de Goliath, tandis que les Gazaouis ordinaires n’avaient rien il y a une semaine, et encore moins aujourd’hui, puisque même leurs hôpitaux et leurs écoles ont été bombardés.

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Shaked a obtenu ce qu’elle voulait : le bilan des morts à Gaza s’approche de la centaine (ndlr : chiffres du 11 juillet 2014), dont un sur quatre est un enfant. Des centaines d’autres souffrent de graves blessures là où les hôpitaux ont aussi été bombardés et où le strict nécessaire en terme de matériel médical commence à faire défaut.

En Israël, malgré les efforts du Hamas, aucun mort n’est à déplorer (ndlr : depuis, un mort), aucun blessé, tout au plus un mariage a été interrompu, et est passé aux journaux télévisés.

Et, alors que les bombes pleuvent littéralement sur Gaza, des ados israéliens ont commencé à tweeter des selfies en petites tenues en s’exprimant sur la politique. Dans deux tweets effacés depuis, l’une écrivait

« Mort à tous les Arabes, espèce de tarlouzes »,

tandis qu’une autre proclamait

« Arabes, j’espère que vous serez paralysés et que vous décéderez dans d’atroces souffrances ! ».

Un autre ado a tout simplement tweeté

« Mort à tous ces p***** d’Arabes »,

avec une photo d’eux en train de faire la moue.

En voyant ces visages angéliques desquels jaillissent une telle rhétorique génocidaire, je prends mon passeport israélien et une boite d’allumettes.

« Pas en mon nom, peuple israélien. Pas en mon nom ! »

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Mira Bar Hillel,

11.07.14

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Traduit de l’article de The Independent par Fabio Coelho pour Croah.fr

http://croah.fr/

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Source : The Independent

http://www.independent.co.uk/voices/why-im-on-the-brink-of-burning-my-israeli-passport-9600165.html


Voir en ligne : Source de l’article : cliquer ici

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