1er mai 2015 : Journée de lutte du prolétariat international et des peuples dominés sous le double signe de la résistance et de la réflexion pour l’alternative socialiste

vendredi 1er mai 2015
par  Alger républicain

1er mai 2015 : Journée de lutte du prolétariat international et des peuples dominés sous le double signe de la résistance et de la réflexion pour l’alternative socialiste.

Partout dans le monde les éléments les plus conscients et les plus combatifs de la classe ouvrière et de ses représentants politiques vont défiler et manifester ce premier mai 2015, sous des formes multiples reflétant les réalités, les rapports de force et le degré de liberté conquise de chaque pays, pour faire entendre leur voix, exprimer leur unité et leur solidarité internationaliste face aux capitalistes. Ils dénonceront l’exploitation capitaliste, les attaques de la bourgeoisie visant à liquider les conquêtes sociales arrachées par le mouvement ouvrier au cours de décennies de luttes de classe acharnées. Ils exprimeront leur condamnation des ingérences impérialistes tendant à imposer aux peuples des régimes à la botte des oligarchies capitalistes.

Ces attaques se sont intensifiées sous l’effet de l’acuité de la crise économique qui secoue depuis 2007 le système capitaliste mondial. Les entreprises capitalistes monopolistes cherchent à la surmonter par tous les moyens qui leur permettent de hausser ou rehausser leur taux de profit. Les États impérialistes sont les instruments des groupes monopolistes et des oligarchies dominant les sociétés capitalistes. Leur politique consiste à trouver les solutions économiques et politiques à cette crise, qui renforcent la richesse et le pouvoir des monopoles. Que ce soit en direction des pays capitalistes les plus évolués ou des plus retardataires dans le monde, ils prônent les mêmes politiques de surexploitation des travailleurs. S’appuyant sur toutes les institutions créées par le capitalisme - FMI, BM, UE, OTAN, OIT, OCDE, Union Africaine, groupe des Brics …- Ils coordonnent et unifient leurs décisions économiques et sociales pour obliger les travailleurs à accepter la réduction de leur salaire (pour sauver soi-disant les emplois), les licenciements accompagnés ou non d’illusoires plans sociaux, le recul de l’âge de départ à la retraite et la baisse des pensions, la généralisation de la flexibilité qui transforme le travailleur en travailleur jetable à souhait, etc.

Ils baissent en même temps les impôts qui frappent les riches, une méthode qui augmente leurs profits. Après avoir, par ce genre de mesure, gravement déséquilibré les budgets publics, ils crient à un endettement insupportable et tentent ensuite de justifier leur politique d’austérité sur les travailleurs et les pauvres.

Pour désamorcer la résistance ouvrière et entretenir de nouvelles illusions, ils fabriquent de nouveaux visages dans la « gauche » sympathique [1] qualifiée sans rire de « radicale ». La bourgeoisie flatte et encourage les courants conciliateurs opportunistes (Syriza en Grèce, Podemos en Espagne [2], Front de gauche en France, etc.) qui, dans les mouvements populaires, cherchent un compromis avec les exploiteurs, refusent de mener la lutte pour le socialisme et se proposent de gérer le capitalisme avec plus de « perspicacité » et de « réalisme » pour détourner la classe ouvrière du mot d’ordre de l’abolition du capitalisme.

En même temps, la bourgeoisie monte des mouvements racistes et fascistes. Ces derniers œuvrent à pousser les travailleurs politiquement arriérés dans des voies qui ne menacent en aucune façon le système capitaliste et qui conduisent à diviser la classe ouvrière en fonction de ses origines nationales ou religieuses. La bourgeoisie fait donc d’une pierre deux coups. Elle exerce son chantage politique pour entretenir une « alternance » sans danger pour elle sous prétexte de la nécessité pour tous de faire bloc avant tout contre « l’extrême droite raciste », en mettant de côté les « clivages idéologiques » et de classes. Et, dans sa manche, elle tient en réserve des détachements fascistes prêts à intervenir pour briser par la violence le mouvement ouvrier lorsque l’aggravation de la crise du capitalisme aura posé comme question brûlante la question : « révolution socialiste ou barbarie ? ».

Sans attendre cette perspective inévitable, les mouvements fascistes sont lancés partout où l’exigent les intérêts en jeu de la bourgeoisie impérialiste : néo-nazis d’Ukraine et des pays baltes, mouvements obscurantistes terroristes dans les pays arabes et musulmans, escadrons de la mort en Amérique latine, etc. Le fascisme est le bras armé des groupes monopolistes du capital. Il est jeté contre le mouvement ouvrier et les peuples chaque fois que la démocratie formelle bourgeoise s’avère incapable de les tenir en laisse et que la défense des sources de profits du capital passe par le recours à la violence la plus extrême contre l’insoumission, la révolte des exploités et des opprimés, la résistance à l’accaparement de la richesse nationale par une poignée de gens.

Les États impérialistes affichent leur unité face aux travailleurs et aux peuples en lutte pour leur souveraineté et leur refus du diktat du capital. Ils concluent des ententes belliqueuses pour abattre les régimes ou les dirigeants qui ne sont pas dociles en exploitant les problèmes internes suscités par l’application des politiques de libéralisation. On a pu et on peut le voir en Libye, Syrie et dans d’autres pays.

Dans le même temps, ils sont entraînés dans des rivalités impitoyables pour le contrôle du monde et de ses ressources naturelles, notamment les sources d’énergie, de ses marchés et des gisements de force de travail. Chaque puissance veut renforcer ses positions en avalant les plus petites et en s’emparant des chasse-gardées de ses concurrents. Le capitalisme a toujours engendré les guerres. Son passage au stade impérialiste, celui notamment des grands monopoles et de l’exportation des capitaux, se traduit par leur étendue et leurs conséquences catastrophiques à l’échelle mondiale. Les guerres sont inévitables tant que le système capitaliste n’aura pas été aboli et remplacé par le socialisme.

La crise actuelle se manifeste par l’extension des champs de guerre, la multiplication des zones de conflits provoqués par la course des multinationales pour le contrôle du monde. Aucun pays ne sera épargné.

Dans notre pays, le danger impérialiste est palpable après la liquidation du régime libyen par les bombardements des interventionnistes des USA, de l’Angleterre, de la France et des États du Golfe en appui au soulèvement interne des courants obscurantistes. Il est d’autant plus palpable que le poids et l’influence économique et politique des forces sociales qui ont lié leur destin matériel aux groupes monopolistes impérialistes se sont renforcés. Ces forces, que ce soient les hommes du régime ou ceux qui se trouvent dans l’opposition qui inscrit son action dans le cadre du renforcement des « acquis » du capitalisme, ont lancé une offensive que les travailleurs ne doivent pas sous-estimer.

Le prétexte de cette offensive est la baisse du prix du pétrole et la chute des recettes des hydrocarbures. Le but de cette offensive est de démanteler tout ce qui subsiste de conquêtes sociales, à commencer par la révision de fond en comble du code du travail. Les partisans de la soumission au capitalisme-impérialisme veulent le transformer en « code du patronat » pour reprendre le mot très juste d’un syndicaliste. Mais pas seulement. Dans leur ligne de mire : la sécurité sociale, les retraites, la santé, l’éducation, les subventions, le prix de l’eau et de l’électricité, etc. Après avoir sciemment conduit le pays à cette catastrophe prévisible en siphonnant les revenus pétroliers, en poussant à la multiplication par 6 du montant des sorties de devises en l’espace de 15 ans, en accumulant d’immense fortunes à l’étranger au moyen de la surfacturation des biens importés et des pots de vin - ou barils de vin faut-il dire - après avoir pillé les richesses du pays, les voilà qui réclament de serrer la ceinture des travailleurs !

Le but est aussi de s’approprier directement les champs pétroliers, ni plus ni moins. A la faveur de cette crise financière ils osent demander à haute voix ce qu’ils murmuraient entre eux. Ils ne se contentent plus des « petits profits » dans la sous-traitance pour le compte de Sonatrach.

Les États impérialistes, de leur côté se frottent les mains à la perspective d’un éventuel effondrement financier de l’Algérie si les cours actuels du pétrole se maintiennent pendant quelques années encore. Ils n’ont jamais renoncé à leur objectif de s’emparer directement des richesses du Sahara. Tout comme ils veulent transformer l’État algérien en gendarme de leurs intérêts en Afrique, en force de réserve pour leurs campagnes guerrières dans le monde et leur confrontation avec la Russie ou la Chine. Et ils pensent qu’il y a suffisamment d’ingrédients explosifs en Algérie, parmi les laissés pour compte et les victimes des inégalités engendrées par le capitalisme lui-même, pour pouvoir tromper et manipuler, au nord ou au sud de l’Algérie, afin de parvenir à leurs buts.

La question qui se pose est de savoir quelles sont les forces sociales qui ont un intérêt objectif à organiser et à mener jusqu’au bout la résistance aux pressions continues de l’impérialisme, les plus aptes, de par leur situation dans la structure sociale de la société algérienne, à défendre la souveraineté du pays.

Cette souveraineté ne se pose pas en termes généraux abstraits, sans savoir à qui elle profite ou qui elle sert : les travailleurs ou les classes privilégiées ? Pour la bourgeoisie, indépendamment des courants ou des divergences mineures qui la traversent, la souveraineté n’a qu’une seule signification : le pays est une pompe à fric et une plate-forme pour marchander avec les groupes capitalistes étrangers les accords qui leur procurent le plus d’avantages aux dépens du peuple et des travailleurs. L’Algérie n’est plus à l’époque de la lutte de libération nationale où la bourgeoisie algérienne embryonnaire était étouffée par le colonialisme et cherchait à s’en défaire en participant à la guerre pour l’indépendance dans l’espoir de devenir une classe dominante à la place des colons. Elle l’est devenue au terme de 50 ans d’indépendance.

Le théâtre politique actuel qui tend à obscurcir cette réalité, à travers des conflits pour la suprématie politique et les pratiques du régime dites « mafieuses », qualificatif confus servant à masquer les rapports économiques et politiques, ne peut rien y changer fondamentalement. Or ces groupes dominants montrent tous les jours qu’ils œuvrent à l’abandon de l’aspiration à l’indépendance du pays qui s’était cristallisée durant la guerre de libération et qui a imprégné les sentiments de l’immense majorité du peuple. Cette tendance exprime l’existence d’intérêts économiques communs entre la bourgeoisie et le capital étranger. Le seul fait que cette bourgeoisie interne ait placé à l’extérieur, dans les banques des pays impérialistes, l’argent accumulé par des moyens frauduleux, indique qu’elle a partie liée à l’impérialisme et qu’elle ne peut adopter une position « patriotique ». Des individus marqués par l’héritage de la guerre de libération ou par d’autres considérations, peuvent manifester des attitudes ou sentiments patriotiques mais de tels sentiments sont indépendants de leur appartenance à une classe exploiteuse.

Si un front interne est possible il ne peut avoir pour soubassement solide que le mouvement populaire impulsé par un mouvement ouvrier puissant. Cela implique que soit posée dans un pays comme le nôtre la question de la défense de son indépendance et celle de l’alternative socialiste, en liaison l’une avec l’autre. Une telle alternative ne peut être fondée que sur un pouvoir dirigé par la classe ouvrière et ses alliés - paysannerie laborieuse, couches intermédiaires vivant des fruits de leur travail manuel ou intellectuel- pouvoir qui reposera sur une mobilisation démocratique des travailleurs, sur la propriété sociale des moyens de production, la planification centrale du développement des forces productives et de la satisfaction des besoins sociaux des producteurs affranchis de l’exploitation et des injustice sociales.

Si durant les 20 premières années qui ont suivi la libération en 1962, le pays a pu préserver son indépendance de décision malgré les méthodes politiques autoritaires démobilisatrices du régime du parti unique et le caractère hétérogène du pouvoir divisé en partisans du socialisme et partisans du capitalisme lesquels ont paralysé ou saboté les décisions les plus justes des premiers avant de finir par l’emporter dès 1981, cela est dû à la nature de la politique économique et sociale impulsée par la fraction de gauche de ce pouvoir. Cette politique s’était traduite par l’amorce d’un processus d’amélioration des conditions de vie de la population, par le lancement d’un développement global au cours duquel les erreurs commises et les conceptions volontaristes étaient susceptibles d’être surmontées par la voie de débats démocratiques si les forces les plus révolutionnaires avaient pu prendre l’initiative historique.

Il ne peut y avoir de débat fructueux sur la voie à suivre si cette première phase de l’histoire récente de notre pays n’est pas étudiée sous tous les angles, dans ses aspects positifs comme dans ses aspects négatifs. Cette réflexion critique est indispensable pour mettre à nu les objectifs de classe réels des détracteurs bourgeois de cette période. Elle l’est d’autant plus que l’un de ses plus importants enseignements est que cette période, décriée par les défenseurs du capitalisme comme une phase « centralisatrice étatiste », est la seule qui a permis durant les 53 ans d’indépendance du pays de connaître un développement économique et culturel, réel indéniable. Depuis que les courants pro capitalistes se sont emparés des rênes du pouvoir, durant ces 35 dernières années, aucune réalisation industrielle représentant un centième de ce qui avait été accompli en seulement 10 ans n’a pu être citée malgré la hausse considérable des ressources financières du pays. Et ces ressources elles-mêmes sont le fruit précisément de cette politique qui avait pour principe de diriger chaque pétro-dollar vers l’investissement productif à moyen ou long terme.

Est-il possible de préciser ce que doit être l’alternative sans une analyse poussée de cette période ? Toutes proportions gardées par rapport à l’expérience du camp socialiste menée sous la direction de partis ouvriers inspirés par la théorie du socialisme scientifique, elle peut être considérée comme une des expériences historiques qui constituent une première répétition pour la rupture avec le capitalisme, l’avènement de la société socialiste dans le cadre de l’époque actuelle qui demeure dans son contenu celle de la lutte pour le socialisme, celle du passage au socialisme. Une répétition qui doit faire l’objet d’études pour se préparer à de nouveaux rendez-vous avec l’histoire, loin des illusions que l’on cultive ici ou là sur la possibilité de réaliser un « front uni » sur des bases floues avec la persistance de certains à rechercher de mythiques « capitalistes productifs » comme partie prenante de ce front.

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  • Le sort des chômeurs algériens et de ceux également nombreux dans les pays impérialistes,
  • l’organisation d’un développement axé sur l’amélioration continue de la condition des travailleurs chez nous et ailleurs,
  • la résistance à la contre-révolution sociale,
  • la préparation d’une contre-offensive ouvrière et populaire chez nous et ailleurs dans la solidarité internationale la plus résolue,
  • la mise en échec des ingérences impérialistes,
  • la défaite des forces de l’obscurantisme et du fascisme,
  • la mobilisation contre les dangers de guerre et d’une conflagration nucléaire, consécutifs à l’interventionnisme et aux contradictions des États impérialistes,

toutes ces préoccupations et ces tâches sont intimement liées à la lutte pour le socialisme.

Les peuples ont perdu il y a 25 ans une bataille mais pas la guerre dans leur confrontation avec les forces de l’oppression et de l’exploitation capitalistes. Malgré cette défaite historiquement temporaire ils n’ont pas complètement baissé les bras. Ils n’ont pas mis fin à leur résistance.

Le 1er mai 2015 ne peut pas ne pas être placé sous le signe de la poursuite de la lutte anticapitaliste et de la réflexion pour tracer le programme des changements radicaux dont le pays et le monde ont besoin.

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Le mot d’ordre émis par la Fédération syndicale Mondiale en mai 2012 est plus que jamais juste :

"les capitalistes ne peuvent se passer de la classe ouvrière.

La classe ouvrière n’a pas besoin d’eux !"

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Zoheir Bessa

1er mai 2015


[1Ou gauche «  potable  » suivant l’expression de Schaffik Handal, ex-SG di PC du Salvador

[2Le dirigeant de Podemos s’est démasqué comme larbin de l’impérialisme en s’attaquant au président Maduros du Venezuela après l’arrestation du maire de Caracas pour son implication dans la préparation d’un complot destiné à renverser par la force un chef d’État démocratiquement élu. Il a qualifié cette arrestation d’acte antidémocratique et a appelé l’UE à intervenir pour obtenir la libération du comploteur.