Hommage à l’historien Omar Carlier

samedi 30 octobre 2021

Notre ami et frère nous a quittés ce 22 octobre au terme d’une longue maladie.

Affecté à l’Université d’Oran comme jeune VSNA, il contribua à la formation des premières générations d’étudiants à la faculté de Droit. Dès cette période il noua des relations d’amitié et de sympathie avec les jeunes militants de la section UNEA d’Oran. Comme de nombreux coopérants progressistes, il apporta son soutien moral et même matériel, acceptant de lire les tracts mais aussi le journal Sawt Echâab que diffusait dans la clandestinité le PAGS, qu’il cachait et collectionnait précieusement dans son appartement.

Il rencontra Rahmouna qu’il épousa après un parcours initiatique imposé pour sa conversion à l’Islam. Sa conversion fut, il faut le dire, prise avec le sérieux, la discipline et l’engagement auquel Omar accordait à toute entreprise qu’il conduisait. Sa conversion sincère à l’Algérie, à sa culture et à son peuple fut totale. Il savait par Rahmouna, fille de chahid originaire d’un village (Aïn El Arbâa) de la région de Témouchent, les sacrifices du peuple algérien pour accéder à son indépendance. Retracer les chemins de ce combat fut la tâche à laquelle il s’attela toute sa vie de chercheur en histoire. Accordant son attention aux cafés et aux hammams en passant par les clubs sportifs, les écoles et les cimetières, il consacra de grands travaux à reconstruire l’état des mentalités, les idées et les formes de leur cheminement dans l’espace public dans la prise de conscience nationale.

Omar Carlier eut un parcours universitaire exemplaire et cela avec la modestie et l’humilité qu’il s’imposait, car pour lui, et tel que nous l’avons connu, tout était encore en chantier, tout était encore à défricher ou à approfondir.

Il nous laisse une œuvre remarquable qui inspirera sans doute les jeunes historiens soucieux de faire connaitre le passé de l’Algérie, les combats de son peuple, ses représentants politiques ou ses figures culturelles les plus emblématiques. Omar a émis le vœu d’être enterré parmi ses frères algériens au pays. Les circonstances sanitaires ne l’auront pas permis. Il restera toujours le frère qui a partagé le meilleur de sa vie avec le pays et dont il épousa les causes et les rêves d’émancipation et de justice sociale.

A Rahmouna, à ses enfants nos condoléances les plus attristées. Il restera éternellement dans nos cœurs et nos pensées.

Omar Bessaoud
24 octobre 2021