Accueil > Hommages > Décès de Pierre Audin

Décès de Pierre Audin

mardi 30 mai 2023, par Alger republicain

Le fils du martyr Maurice Audin vient de succomber à la maladie à l’âge de 66 ans.

Son père Maurice Audin, militant du Parti communiste algérien, avait été enlevé le 11 juin 1957, torturé et assassiné par l’armée française pour sa participation à la guerre de libération nationale.

Pierre Audin n’avait qu’un mois quand les paras avaient fait irruption dans le domicile de ses parents pour lui arracher son père sous les yeux de sa mère Josette et de sa soeur.

Pierre a mené un dur et long combat, aux côtés de sa mère et de nombreux communistes et démocrates français, pour amener l’Etat français à reconnaître sa responsabilité dans l’exécution de son père. Par décision du Président français Macron un point final avait été ainsi officiellement mis à la fiction de son évasion et de sa disparition.

A l’occasion de la célébration du premier anniversaire de l’indépendance, le gouvernement Ben Bella avait décidé de baptiser du nom du martyr de la guerre de libération la place qui jouxte la Faculté centrale où il avait exercé en tant qu’assistant tout en préparant sa thèse de doctorat en mathématiques. C’était à la même occasion que Henri Alleg obtenait sa nationalité algérienne par décret publié au Journal officiel.

Mais Josette Audin s’était résignée à quitter l’Algérie, à son corps défendant, avec ses deux enfants, quelques années après l’indépendance. Traumatisée par l’assassinat de son mari, Josette ne supportait pas l’ambiance politique anti-communiste que voulaient faire régner, cette fois dans l’Algérie libérée du colonialisme, les courants réactionnaires influents dans la société et les appareils d’Etat.

Devenu mathématicien comme ses parents, Pierre avec d’autres enseignants français progressistes a entrepris de nouer de fortes relations avec les enseignants et chercheurs universitaires algériens. Leur action a abouti des deux côtés de la Méditerranée au lancement du Prix Maurice Audin de mathématiques.

L’an dernier en juin, Pierre qui avait obtenu un passeport algérien, a pu renouer avec son pays natal, à quelques jours de la célébration du 60 ème anniversaire de l’indépendance de l’Algérie pour laquelle son père avait fait le sacrifice de sa vie.

Durant son séjour à Alger, les officiels s’étaient fortement mobilisés pour lui réserver un accueil très solennel mais politiquement intéressé. De leur côté, divers courants libéraux et droitiers auto-proclamés représentants du Hirak avaient tenté d’instrumentaliser son nom prestigieux sous le drapeau d’une « Liberté » au contenu confusionniste.

Algérie Républicain adresse ses condoléances les plus attristées à l’épouse de Pierre, Line, à ses filles et à sa soeur Michèle, à tous ses proches.

AR