Les travailleurs de l’ENIEM Tizi Ouzou manifestent de nouveau

mercredi 23 décembre 2020
par  Alger republicain

Riposte de la classe ouvrière à l’offensive du pouvoir contre ses droits élémentaires et à son processus de liquidation du secteur public industriel : les travailleurs de l’ENIEM Tizi Ouzou manifestent de nouveau

Ils ont une nouvelle fois marché hier dans les rues du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou. Ils ont réitéré leur rejet du congé technique décidé depuis le 1er décembre par la direction du complexe industriel de l’électro-ménager (ENIEM) de Oued Aïssi. Cette décision a frappé durement les 1700 employés du complexe. Comme elle a aussi ouvert un grand boulevard aux activités lucratives des importateurs et des faux producteurs à l’image de Condor dont le taux réel d’intégration est très bas.

La marche vers le siège de la Wilaya a été entamée à 10 h 30 à partir du siège de la direction générale, boulevard Stiti. Les travailleurs ont défilé pacifiquement sur l’avenue Abane Ramdane. A l’appui des slogans inlassablement scandés, les banderoles déployées dénonçaient “la hogra” et “l’injustice”. On pouvait lire aussi des mots d’ordre tels que : “Stop à la mauvaise gestion ”, “P-DG dégage. L’Eniem aux travailleurs”

Le quotidien national « Liberté » du 23 décembre* rapporte que « Les manifestants ont également scandé des slogans hostiles à leurs responsables et d’autres exprimant leurs ras-le-bol de cette situation de blocage qui perdure. Ils ont même menacé de battre quotidiennement le pavé si leurs revendications ne sont pas prises en considération. “Ila makach jdid, koul youm massira” ( “ s’il n’y a rien de nouveau, marche tous les jours ”) », ont-ils prévenu. 

« Au cours d’une halte au premier rond-point du centre-ville, un représentant des travailleurs a lu un appel destiné à la société civile, aux travailleurs des autres secteurs, aux étudiants, aux comités de villages et aux associations, afin de prendre part au rassemblement prévu, jeudi, devant la direction de l’Eniem.  

Par cette action, les rédacteurs de l’appel comptent dire “non au bradage des entreprises publiques”, demander “le départ des cadres de l’Eniem”, refuser “le chômage technique et les licenciements abusifs”.

Rencontré au cours de cette manifestation, le porte-parole des travailleurs, Mouloud Ould Oulhadj, a regretté le fait que 23 jours après l’arrêt technique de l’entreprise, la situation est toujours au point mort. “Nous avions dès le début revendiqué le départ du P-DG et l’arrêt du congé technique, mais nous avons constaté que nos revendications n’ont pas été entendues”, a regretté M. Ould Oulhadj »

Le porte-parole des travailleurs a conclu : « Le cordon ombilical est coupé entre l’employeur et ses employés. Il n’y a plus rien à recoller. »

Rappelons que les travailleurs de l’ENIEM n’en sont pas à leur première action contre la politique de sabordage de cet acquis de l’industrialisation des années 1970. Depuis le début de l’année ils sont en conflit avec la direction qui multiplie les arrêts techniques provoqués par l’étranglement financier savamment organisé par la banque et aggravé, selon les explications de leurs représentants, par la mauvaise gestion du complexe.
Consciemment ou pas, par intérêt ou pour garder son poste et les avantages qui s’y rattachent, le DG fait le jeu des chefs d’orchestre du plan de sabordage du secteur public industriel. Ce plan vise à laisser la place au capital étranger et à ses « Algériens de service ». Le pouvoir fait semblant d’accorder des crédits de relance de l’activité. En fait l’argent débloqué est aussitôt auto-saisi par la banque qui prétend éponger des crédits précédents. Vieille et machiavélique tactique appliquée avec constance depuis le début des « réformes » de 1987 à travers des restructurations menées sans fin pour faire croire que les maux du secteur sont incurables. Que ce secteur est un gouffre sans fond. Qu’il faut s’en défaire une bonne fois pour toutes en le cédant à des privés, lesquels « sauront redresser la situation ». Mais on a vu ce que les privatisations ont donné partout où elles ont été appliquées. C’est la solution défendue tous les jours par la meute des enragés de la liquidation pure et simple du secteur public industriel.

En fait, le fin mot de cette histoire qui se répète chaque fois que la faillite financière menace le pays du fait des agissements des prédateurs, le véritable objectif de l’opération d’enfumage est le suivant : les rapaces cherchent une main-d’œuvre expérimentée préalablement réduite à la misère par les plans de licenciement et donc résignée à se mettre sous la botte des Benhammadi et des Rebrab pour un salaire de misère.

Cependant, depuis leur marche mémorable du 6 décembre les travailleurs de l’ENIEM ont décidé de prendre en main leur destin.

R.N.

* Consulter le site web de Liberté :

https://www.liberte-algerie.com/act...