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Après le départ du prédateur ArcelorMittal, les Qataris, nouveaux sauveurs providentiels de l’industrie sidérurgique algérienne, se pointent à Berrahal !!

lundi 30 janvier 2017, par Alger républicain

Le complexe sidérurgique d’El Hadjar n’est pas prêt à sortir du naufrage dans lequel ArcelorMittal l’avait sciemment plongé. Les autorités algériennes ont donc décidé il y a deux ans de reprendre son contrôle. Faut-il y voir un sursaut de "nationalisme économique" ? C’est plus que douteux à voir leur passivité devant les actes de sabotage que le complexe continue à subir. L’un de ces actes que l’Expression avait rapporté il y a quelques semaines a concerné le vol d’équipements électroniques tout récemment acquis. Equipements volumineux. Ils commandent la mise en marche de l’ensemble de l’usine et qu’on ne peut subtiliser en les mettant dans sa poche ! En fait, nos autorités ont été obligées de feindre de faire quelque chose face à l’indignation des citoyens humiliés par le traitement qu’ArcelorMittal a infligé à notre fleuron sidérurgique d’El Hadjar.

El Hadjar avait commencé si brillamment à produire dans les années 1970 pour le lancement d’une industrie de haut niveau de qualité. Il fut durant une période trop courte l’oriflamme de notre économie avant d’être mis à sac par les pirates de la sidérurgie d’importation, mandatés pour faire du bizness qui allait laisser notre économie en rade, perdant les défis qu’elle pouvait aisément relever.

ArcelorMittal avait obtenu le complexe pour au plus 30 millions de dollars. Il le quitte aujourd’hui en disparaissant dans la nature, laissant une dette de 8,6 milliards de DA. Le vampire ArcelorMittal fait des affaires sous d’autres cieux pendant que nos hauts responsables continuent de chanter chez nous l’hymne à la gloire des bienfaits à attendre de l’ « incontournable partenariat » imposé selon eux par les non moins « incontournables » réalités de la « mondialisation ».

Et la presse nationale, majoritairement acquise à la religion du « capitalisme mondialisé » nous apprend une grande nouvelle : les Qataris - qui ont, soit dit en passant, participé à la démolition de la Libye et la Syrie - sont là, chez nous. Ils vont nous apprendre à produire de l’acier. Ils ont décidé en collaboration avec nos hauts responsables d’investir pour créer une aciérie à Annaba ! Un scoop ! Cette nouvelle réalisation, destinée bien sûr à rapporter beaucoup de profits, vu que la main d’œuvre et l’électricité sont à bas coûts, se situera à Berrahal plus exactement. Elle apportera tous les bienfaits du monde à la ville, au pays, au peuple algérien et bien sûr, aussi, à ceux que l’on n’oubliera jamais : les travailleurs du complexe sidérurgique d’El Hadjar. Lesquels las d’être au chômage technique dans leur complexe paralysé par la main de l’étranger serrée à celle de l’Etat algérien, pourront, bien évidemment, trouver enfin du travail dans cette nouvelle aciérie de rêve.

Les années 1990-2000 ont vu le démembrement de toute l’industrie algérienne : fermeture ou privatisation de la quasi-totalité des industries de transformation. Principalement les industries de base : chaudronnerie, câblerie, tréfilerie, machinisme agricole, usine de tracteurs, complexe pompes et vannes …

L’Etat aux mains des aigrefins aux dents acérées a laissé monter l’import et le trabendo à tous les niveaux. Le complexe d’El Hadjar à l’arrêt, ses ouvriers en plein désespoir, ne sont qu’une des conséquences de cette mutation politique.

Les décideurs n’ont pas à l’esprit cette brûlure face au haut fourneau à 1400° et les torrents de sueur silencieuse des ouvriers et des ingénieurs qui ont posé les jalons de l’édification de notre sidérurgie. C’est à l’abnégation et à l’enthousiasme de ces derniers que l’on doit le démarrage de la production dans plusieurs domaines. Main dans la main avec l’aile progressiste du pouvoir des années 1970, ils avaient créé les conditions de l’envol industriel de l’Algérie. Puis l’équipe Chadli et « Brahimi la science » est venue. Elle « donne au pilote l’ordre de couper les gaz en plein vol » pour reprendre l’image d’un patriote qui avait contribué à l’industrialisation du pays dès les années 1960.

Mais la classe ouvrière est patiente. Avec certitude son heure viendra. A force de luttes et d’effort d’organisation hors de la pression des chantres du capitalisme, « mondialisé » ou prétendument « national ».

30.01.17