Ramadhan mois de la miséricorde

jeudi 24 mai 2018
par  Alger republicain

La veille du Ramadhan. Comme à chaque fois, il se produit une surexcitation fébrile de la société qui jette ses repères et sa raison sous prétexte de se préparer à un mois dont tout le monde dit qu’il est sacré. Sacré en quoi ? Que les imams ou exégètes habilités nous l’expliquent !

Un ancien cadre d’entreprise à la retraite nous fait part de sa colère :

« Nous sommes allés faire quelques courses, nous, retraités de l’ancien régime c’est-à-dire anciens cadres supérieurs d’entreprise devenus misérables et comptant tout aussi misérablement leurs sous et leur indigence.
Dans un marché survolté où tout le monde vaquait et négociait, nous avons timidement jeté un regard dans les boucheries. La veille du jeûne, plusieurs bouchers avaient suspendu et aligné des gigots qui étaient en fait des quarts de moutons. Une viande graisseuse et massive. Cela de l’agneau ? Non, simplement du poids.

J’ai demandé au boucher s’il avait un bout d’épaule, une petite livre. Il me regarda comme si j’avais dit une injure et me répondit :
— Nous n’avons que ce qui est là.

Je repartis donc comme un misérable, moi ancien cadre supérieur. »

Mais alors que devons-nous penser des ouvriers d’El Hadjar ou de Rouiba qui doivent eux aussi errer à travers les marchés du pays pour trouver de quoi faire une chorba ?

Que devons-nous penser, que devons-nous dire avant que les grandes colères se lèvent qui balayeront tous les moutons pendus dans les étals des bouchers voleurs qui ne savent pas dire non aux maquignons sorciers ?

Le peuple a faim de plus de justice que de chorba à la viande grasse.