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William Sportisse : “poursuivre notre action en faveur des intérêts de nos travailleurs, des travailleurs du monde, de notre peuple et de tous les peuples dans le monde”
samedi 8 août 2009, par
J’ai fait vraiment sa connaissance au lendemain de l’indépendance, au début de l’année 1963, quand je rejoignis la direction du journal où me fut confiée la responsabilité du secrétariat général de la rédaction. Abdelhamid était à cette époque rédacteur en chef du journal. Son bureau au journal faisait face à celui que j’occupais. Notre amitié se noua à cette époque. Hélas ! après le coup d’Etat de juin 1965, la publication du journal cessa parce que nous avons refusé de le cautionner et parce que nous étions partisans de régler les différends politiques dans le cadre d’institutions démocratiquement élues avec l’existence du pluripartisme. Hamid Benzine tout comme d’autres militants du PCA, collaborateurs de "Alger républicain" durent entrer en clandestinité pour échapper à la répression. Arrêté en septembre 1965 avec plusieurs autres collaborateurs du journal et membres du PCA, je n’ai revu Abdelhamid que bien plus tard après 1976. Mais alors que j’étais encore emprisonné à Oued Rhiou, lors d’une visite familiale, mon frère me remit dans ma cellule, où j’étais isolé de tous mes autres camarades, également enfermés dans d’autres lieux de détention, un message du PAGS signé de Hamid qui me réconforta énormément. Je ne peux non plus oublier tous les efforts accomplis après 1962 par Hamid auprès du ministre de la Justice de l’époque afin que satisfaction soit donnée à la demande d’acquisition de la nationalité algérienne de plusieurs camarades d’origine européenne ou juifs algériens pour leur participation comme tous leurs frères Algériens à la guerre de libération nationale.
Ma collaboration au journal "Alger républicain" qui cessa en 1965, se poursuivit après son retour sur la scène médiatique en 1989. Elle m’a énormément enrichi. Tout d’abord parce que son combat a renforcé ma conviction dans la justesse des idées qu’il a défendues et qu’il continue à défendre de nos jours. Cette conviction que partagent ou ont partagé beaucoup de mes camarades, encore vivants ou disparus, nous a tous aidés à faire face aux difficultés de la lutte pour les intérêts des travailleurs et du peuple. C’est cette conviction qui conduira, à toutes les périodes critiques ou décisives pour l’avenir de notre pays, des camarades à sacrifier leur vie pour la bonne cause : l’indépendance de notre pays, la démocratie, le progrès social et le socialisme. C’est cette profonde conviction dans nos idées qui a énormément contribué à la prise de positions politique fermes des principaux dirigeants d’"Alger républicain" pour défendre et préserver sa ligne éditoriale dans les moments les plus critiques de l’histoire de notre pays.
Quand l’Union Soviétique disparaît, les voix des forces réactionnaires du monde se sont levées pour annoncer la fin du communisme, du socialisme, et que la société capitaliste consacre la fin de l’histoire. A ce moment, sous la pression de cette idéologie, certains ont pu céder et remettre en cause leurs convictions. Je voudrais rappeler dans ce sens les articles de Hamid publiés dans "Alger républicain" du 22 novembre 1992 et des 22-23 janvier 1993 à propos de la dissolution du PAGS et sur son passé. Hamid qui comprenait fort bien la grande importance pour la vie du journal de l’existence de ce parti, ne manqua pas d’exprimer fermement sa position hostile à cette dissolution en écrivant :
"On pourra détruire une structure, un appareil, mais les idées socialistes et humanistes du PAGS vivront plus longtemps que ne le pensent les défaitistes." Il ajoutait encore : " L’Algérie du travail et de l’intelligence a besoin d’un parti révolutionnaire de classe qui continuera de porter haut le drapeau de la solidarité internationaliste et luttera pour un monde débarrassé de l’exploitation par l’homme." Et il concluait son article : "Ceci dit, les compagnons qui restent fidèles à notre idéal ne doivent pas se tromper de cible. El-Hachemi Chérif et ceux qui le soutiennent dans cet acte suicidaire restent en tant que patriotes et progressistes des alliés avec qui nous pouvons nous retrouver avec tous les autres démocrates dans un large rassemblement autour d’objectifs politiques précis, et en premier lieu dans la lutte contre l’intégrisme pour sortir la République de sa crise."
C’est cette fidélité à sa ligne éditoriale originelle exprimée dans l’avant-propos de l’ouvrage "La Grande Aventure d’Alger Républicain" qui en fait "un journal pas comme les autres".
Je voudrais également rappeler que la plupart des collaborateurs des services de la rédaction du journal n’étaient pas passés par une école de journalisme. Il en allait de même dans les services de l’administration. Pour la plupart ils étaient des militants du PCA ou ensuite du PAGS. Le journal a été pour eux tous une école de formation. Ils sont devenus ensuite de bons journalistes. Je me souviens, après 1992, certains d’entre eux formés par le journal, ont publié un journal sportif ou un journal pour la Kabylie. Ils firent même appel au soutien d’ "Alger républicain " pour la sortie des premiers numéros de leur journal. Ce soutien leur fut accordé. Et aujourd’hui quand je rencontre tous ces camarades et amis qui ont travaillé avec nous à "Alger républicain" ils ne manquent pas de confirmer cette vérité que le journal fut pour eux une école de formation qui les a beaucoup aidés dans leur vie professionnelle.
En terminant ce message, je voudrais excuser mon absence à ce colloque auprès des participants. J’avais prévu de répondre à l’invitation des organisateurs. Mais un décès dans ma famille m’a empêché d’être à vos côtés. Je souhaite à votre colloque un bon travail qui sera instructif pour la poursuite de notre action en faveur des intérêts de nos travailleurs, des travailleurs du monde, de notre peuple et de tous les peuples dans le monde.
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William Sportisse
mars 2009