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Cette grosse couleuvre de la colonisation civilisatrice que les esprits revanchards veulent nous faire avaler
mardi 18 août 2020, par
par Mahmoud CHABANE
Mahmoud Chabane a fait parvenir à la rédaction d’Alger républicain ce texte où il dénonce une énième tentative des nostalgiques du colonialisme de glorifier la prétendue oeuvre civilisatrice de la France impérialiste en Algérie.
La jeune génération a soif de connaître l’histoire de son pays. Au risque de paraître rabâcher ce qui est une évidence pour les survivants qui ont connu les cruautés de l’oppression coloniale, il est important de ne pas laisser le terrain libre aux glorificateurs du colonialisme. D’autant plus que le renforcement phénoménal du poids économique et de l’influence idéologique - en moins de 60 ans d’indépendance - de la bourgeoisie algérienne, de ses liens avec les divers pôles de l’impérialisme mondial, ce poids constitue la base matérielle des trahisons actuelles et à venir des classes exploiteuses. Ces classes sont portées à chercher des alliés à l’extérieur contre leur propre peuple. L’une des manifestations de cette tendance à la compromission est le désir de certains courants dits « démocrates » d’éviter ce qui « fâche » dans les relations avec l’ancienne puissance colonisatrice, de rechercher l’appui des prétendues organisations des « droits de l’Homme », créées en sous-main par les centres de l’impérialisme, pour faire avancer la « démocratie » en Algérie. Une tendance apparemment opposée consiste à clamer un discours nationaliste exacerbé. Il sert en réalité à masquer la recherche d’un terrain d’entente « gagnant-gagnant » entre les classes possédantes des deux pays, cependant subordonné à l’exigence de la reconnaissance des crimes du colonialisme pour faciliter les choses aux yeux d’une opinion nationale qui n’oublie pas ce que fut le colonialisme. Ce serait pour elle un acte symbolique qui évacue pour de bon les questions du passé afin de laisser place à la réalisation de profits financiers « mutuellement bénéfiques » aux puissants des deux pays.
Le texte de Chabane est une contribution qui, entre les mains de la jeune génération qui n’a que ses bras et son cerveau pour vivre, fournit les éclairages indispensables pour que les liens entre la France et l’Algérie permettent de sceller une solide alliance entre les exploités des deux pays contre leurs exploiteurs communs dans la lutte contre la « matrice » des violences impérialistes : le système capitaliste.
Alger républicain publie de larges extraits de cette longue et captivante contribution.
Contribution
(…)
« des esprits revanchards en trouble fête, peinent encore à accepter la perte de l’Algérie, eux qui ont voté en février 2005, la loi rappelant le « rôle positif de la colonisation », en faisant crisper plus encore les positions.
En porte-drapeau de la meute des nostalgiques de « l’Algérie française » et des mercenaires médiatiques qui végètent dans les milieux de l’extrême droite, la journaliste Véronique Jacquier en direct sur CNEWS le 16 juillet 2020, à vanté « les bienfaits » de la colonisation de l’Algérie par la France. Sortie de nulle part, cette journaliste, en obligée du parti de Marine Le Pen à laquelle l’on ne s’attend tout de même pas qu’elle fasse cadeau à l’Algérie, a versé son venin sur notre pays, son peuple et son histoire ... millénaires.
Elle a usé de propos mensongers, insultants, racistes et islamophobes, ( …) en déclarant : « Il faut rappeler que si la France a colonisé l’Algérie en 1830, c’était pour mettre fin à la piraterie barbaresque et à l’esclavage en Méditerranée pratiqué à l’époque par les musulmans ». Pour elle, en 1830, l’Algérie n’était rien du tout. Et d’ajouter : « la France a construit des ponts, des routes, des hôpitaux... Il faudrait qu’Emmanuel Macron tienne un peu ce discours. Au lieu d’être dans l’auto-flagellation et la repentance. Un chemin qu’avait commencé à emprunter Jacques Chirac et François Hollande. »
Ce sont-là bien sûr, des propos auxquels notre pays est habitué de la part de certains médias de la désormais ex-puissance coloniale qui, épisodiquement, à la veille d’événements politiques (campagnes électorales), problèmes sociétaux et sécuritaires (chômage, agressions...), donnent la parole à des « journalistes » triés sur le volet pour les entendre dire ce qui est attendu d’eux. Ils exécutent, tels des tueurs à gage, le contrat. Un fait mérite pourtant d’être signalé pour attirer l’attention des lecteurs !
L’intervention rageuse de cette journaliste a été faite quelques jours seulement après celle de la porte-parole des partisans de l’Algérie française et de ses supplétifs, largement médiatisée d’ailleurs, au lendemain de la restitution, tout au plus symbolique, de crânes de résistants algériens stockés outrageusement comme de vulgaires objets au musée en France.
La question qui mérite d’être posée est la suivante : pourquoi tout ce tapage médiatique et à quelle fin ? Aussi je dois avouer ma faiblesse de croire que le/ou la journaliste rapporte des faits avérés et donne aux lecteurs des informations vérifiées, recoupées, surtout inattaquables et que sa bible reste le code de déontologie.
Ce n’est pas le cas dans ce qui m’amène à réagir pour rétablir les faits et parler du vécu et du ressenti. D’ailleurs, de mémoire de citoyen, je n’ai jusque-là pas entendu un /ou une journaliste intervenant sur les medias français dire du bien de notre pays et encore moins, parler des souffrances endurées par le peuple algérien durant les 132 années de colonisation, des dégâts et des pillages souvent irréparables que cette dernière a causé à notre cher pays. Il faut tout de même lui reconnaitre, que la sacrosainte liberté d’expression au nom de laquelle elle s’est autorisée à dire même des contrevérités sur un sujet sensible par ce qu’il renferme comme drames humains, souffrances, destructions,..., le droit de dire ce qu’elle pensait de la colonisation de notre pays. Dits à partir d’un pays, ou plutôt, du pays des droits de l’homme, les mots ont généralement une autre résonance. N’est-ce pas ?
Notre intention, à travers cette contribution, n’est certainement pas de lui répondre, encore moins de l’invectiver, de la condamner ou de lui demander de potasser les manuels et autres documentations traitant de l’histoire de la guerre d’Algérie écrits par d’authentiques historiens reconnus par leurs pairs (pas par les historiens de service), mais de rappeler pour certains compatriotes et français pétris de valeurs portées par la révolution de 1789 *, et attirer l’attention d’autres, sur certains faits à même de « démolir » ce genre de propos destinés aux nostalgiques de l’Algérie française.
Il faut admettre que pour ces derniers l’indépendance de l’Algérie vécue et perçue comme une trahison, (la création de l’OAS pour faire avorter les négociations d’Evian en est la confirmation), demeure la grosse arête qui leur est toujours restée en travers de la gorge.
D’abord, le format de l’émission, le choix du thème, le timing et les intervenants, ce n’est un secret pour personne, obéissent à un certain nombre de paramètres orientés en fonction du public ciblé et des objectifs à atteindre, souvent commandités. Il faut admettre de prime abord que l’émission n’est pas destinée à l’auditoire algérien (consommateur collatéral) mais bel et bien à des consommateurs français ; ceci n’excuse en rien la journaliste en question et bien entendu le média vecteur de ces propos. Il faut savoir aussi qu’elle s’adressait à un certain peuple français nourri aux thèses racistes, vivier des droites et extrêmes droites pour le revigorer, et le mobiliser en vue des prochaines échéances électorales qui s’annoncent d’ores et déjà incertaines.
Le racisme qui semble faire souche en France qui, hier a touché les Italiens, les Portugais et les Espagnols venus bâtir la France, s’est reporté avec rage sur les ouvriers des ex colonies désignés sous l’identifiant stigmatisant « d’origine émigrée » venus manger le pain des français. Il convient de noter que les racistes français disent toujours moins par rapport à ce qu’ils pensent. Par la même, elle eut l’outrecuidance de dresser un lourd réquisitoire contre les présidents français qui ont osé dire à demi-mot que la colonisation n’était pas finalement un « machin » positif pour les indigènes, cela s’entend, et d’adresser au président en exercice une sévère mise en demeure de ne pas franchir le Rubicon, ce qui pourrait lui coûter très cher, électoralement s’entend.
Aujourd’hui c’est en enfant, toujours porteur du virus du patriotisme (endémique en Algérie) d’un ex-colonisé qui a échappé miraculeusement à l’analphabétisme imposé aux indigènes par le code de l’indigénat grâce aux sacrifices consentis par notre peuple, qui se fait un devoir de sereinement donner à l’enfant de l’ex-colonisateur, la contradiction éclairée documentée sur les propos tenus dans l’émission.
Il faut dire que les ponts construits sur les axes routiers tracés et réalisés par l’administration coloniale l’ont été pour semer, non pas le progrès et la civilisation comme argué, mais bel et bien la mort et les dévastations des écosystèmes, de la faune et de la flore.
Les objectifs sont clairement et uniquement militaires réalisés sans état d’âme et de manière barbare, en exécution de la stratégie de colonisation du pays visant à remplacer les indigènes qualifiés de sauvages par des « civilisés » importés d’Europe. D’ailleurs, le mot d’ordre donné par les chefs à l’armée de mercenaires était d’une limpidité déconcertante : « tuer, brûler, violer, piller ». Et la pratique d’enfumades de populations réfugiées dans des grottes était admise comme une méthode de guerre. C’était … les fours crématoires made in armée française. À noter que même les cimetières se trouvant sur le tracé de ces routes de la mort, ces lieux de repos éternel respectés pourtant par les religieux, les agnostiques, les athées, n’ont pas été épargnés par ces « civilisés » venus d’ailleurs que personne n’a invité ou sollicité.
Les hôpitaux construits dans le sillage de la colonisation, inaccessibles d’ailleurs aux indigènes par le fait du code de l’indigénat et de la misère dans laquelle les indigènes ont été plongés à leur corps défendant, ne l’ont été que pour soigner les militaires et les colons et accessoirement quelques indigènes soumis, ayant les moyens de se faire soigner. Il est intéressant de rappeler que les premiers colons sont venus en célibataires et que l’administration coloniale a été contrainte de faire venir de métropole des filles de joies, vecteurs de maladies vénériennes et autres pathologies introduites en Algérie, pour satisfaire les besoins bestiaux de ses compatriotes. Comme on le voit, l’administration coloniale avait le souci du détail !
À noter que plus le temps passe plus les justificatifs (tous fallacieux) avancés par les impérialistes Français pour agresser et envahir notre pays tombent les uns après les autres. Ils ont été démontés sur la base des faits établis par des historiens incontestés, reconnus par leurs pairs. Décidément la mise en échec du projet impérialiste français ne passe pas outre méditerranée ! Revoilà que 192 années après le débarquement de l’armée impériale à Sidi Feruch, une journaliste convaincue certainement de son origine française, nous lance à la figure, avec un aplomb déconcertant, un autre justificatif en « béton » celui-ci : « Il fallait lutter contre la piraterie qui sévissait en méditerranée ». Le coup de l’éventail étant définitivement enterré ; voilà la piraterie.
Pourtant ces crimes commis par des pirates de toutes origines (Corses, Turcs...) contre des marins se déroulaient en haute mer, « terrain » de chasse et de batailles féroces. C’est à se demander, en quoi les paisibles indigènes vivant dignement du fruit de leur labeur sont-ils responsables des actes de piraterie qui se déroulaient en haute mer et dont ils ignoraient même leur existence ? La vérité est que depuis la « découverte » accidentelle, faut-il le rappeler, d’un nouveau continent affichant des civilisations et recelant des richesses naturelles insoupçonnées, par le navigateur Christophe Colomb, parti chercher des épices pour améliorer le goût des mets de la bourgeoisie européenne, les dirigeants de la vieille Europe usée et surexploitée, avaient entrepris des expéditions meurtrières pour piller, dépecer et se partager ce nouveau monde. C’était pour eux, leur façon d’afficher leurs puissances et le moyen, pas cher, de développer sur le dos des autres peuples leurs pays respectifs. L’Algérie régentée à l’époque par la sublime porte, (Turquie), était dans le viseur des ennemis de toujours l’Angleterre et la France. À rappeler que les tentatives de débarquement entreprises par ces pays furent mises en échec. Dans cette course effrénée des puissances maritimes de l’époque pour coloniser ce nouveau monde et étendre Il se trouve donc que la « ficelle » piraterie, en plus d’être saugrenue, trop grosse, ne passe pas. La conquête de l’Algérie, en projet depuis le 17 ème siècle, minutieusement préparée de longue date, négociée avec la régence, était vitale pour sauver l’empire chancelant en prise à des crises internes multiples.
Avant la colonisation l’Algérie n’était rien clamait haut et fort la journaliste non sans une pointe de mépris que partagent allègrement les racistes de tout bord et les nostalgiques de l’Algérie française. Par cette affirmation lourde de sens et de contre-vérités, cette journaliste avait dégainé l’arme du déni pour faire croire qu’avant sa colonisation ce pays était un grand désert à l’état sauvage et en jachère. Pourtant ce pays, immense de par : sa géographie, son Histoire plusieurs fois millénaire, la variété de ses paysages époustouflants, les richesses de son sol, de son sous-sol, de sa faune et de sa flore, ses habitants défenseurs indomptables de valeurs ancestrales allant jusqu’au sacrifice, avait, a et aura indéniablement son identité qui le caractérise. Il est apparemment instructif de signaler que dans ce « rien »cohabitaient en bonne intelligence des êtres humains de confessions : juive, chrétienne parmi elle l’illustre Saint Augustin (un berbère pur jus) et musulmane et tiraient leur subsides que leur offrait cet immense « désert ». Cependant, cette cohabitation qui contrariait le projet colonial, avait amené l’administration coloniale à créer la discorde entre les populations en recrutant des missionnaires dont certains étaient formés dans des écoles militaires pour faire du prosélytisme et en promulguant le fameux décret Crémieux octroyant la nationalité française aux juif indigènes. C’est d’ailleurs en cela, et pour d’autres arguments historiques et géographiques, que l’Algérie reste et restera incontournable.
Certes, le peuple algérien ne s’était pas doté d’un code écrit à la Napoléon ! Il n’en ressentait assurément pas le besoin puisque les règles non écrites qu’il avait convenu d’instaurer au fil des temps et des besoins de la vie en société ont montré leur efficacité. L’ensemble de ces règles transmises oralement de génération en génération, autour du Kanoun (brasero traditionnel), s’appuyant sur des valeurs, des règles ainsi que de la nature, le refus de toute domination, ont constitué ce qu’il est communément appelé droit coutumier opposable à tous. D’ailleurs, la vigueur de ces valeurs qui ont résisté aux contre valeurs et souillures introduites par les impérialistes (l’individualisme, l’égoïsme, l’exploitation de l’homme par l’homme, ....) grâce aux volontés conjuguées, individuelles et collectives de tout le peuple algérien, n’ont jamais été démenties.
C’est aussi au nom de ces valeurs que l’Algérie qui venait d’accéder à son indépendance, après une terrible nuit coloniale, avait accueilli, malgré ses moyens limités, des mouvements révolutionnaires et des défenseurs des peuples opprimés et ce sans distinction de race, de religion, de couleur … L’Algérie en phase avec son combat libérateur, consacrée Mecque des révolutionnaires, fut à la pointe des luttes pour la décolonisation et l’autodétermination de peuples encore colonisés. C’était aussi autour de ce kanoun, foyer culturel de nos aïeux, que les événements du jour étaient diffusés, commentés, analysés par les adultes en présence des enfants. Un peu comme aujourd’hui avec le virus du COVID 19 ! La colonisation, avec toutes ses exactions, ses meurtres, ses incendies de forêts pour faire sortir à la force du feu, les rebelles et détruire les récoltes pour affamer les paysans insoumis … occupait la « une » du Kanoun. Inutile de dire que le virus du patriotisme et le rejet viscéral du colonialisme se propageaient de manière virale.
Oser affirmer en filigrane et soutenir que la colonisation ait été positive pour l’Algérie et passer sous silence l’arsenal juridique et règlementaire, particulièrement le code de l’indigénat (à lire absolument pour comprendre l’ignoble projet colonial français) élaboré par l’administration coloniale pour : spolier, tuer, déporter, détruire, mettre en esclavage tout un peuple plongé volontairement dans la misère, et surtout empêcher les indigènes d’aller à l’école et de se former, est pour les colonisés, tout simplement inadmissible. Ce sont aussi les valeurs prônées par la révolution française de 1789 qui sont bafouées par de tels propos, et c’est dommage pour l’autre France.
La sévère mise en garde adressée au président en exercice pour ne pas présenter au nom du peuple français au peuple algérien les excuses de la France coloniale à l’Algérie colonisée n’est pas à mettre sur le compte d’un dérapage ou d’un acte irréfléchi d’une journaliste fougueuse. Le message, voire les messages, que celle-ci a instillés doit être décodé, compris et démasqué. En tant qu’Algérien vivant et aimant ce magnifique et doux pays traînant les séquelles et les stigmates d’une guerre qui a duré 132 ans responsable de la mort de quelque cinq million et demi d’Algériens, morts pour avoir refusé la soumission et la vie dans l’indignité, menée par un peuple opprimé contre un oppresseur, je voudrais soumettre à débat quatre propositions qui me paraissent essentielles pouvant constituer une première étape pour avancer dans la construction d’un avenir pour tous.
– Les excuses ou la demande de pardon ? Pourquoi pas les deux ? Ce qui est sûr et certain c’est qu’elles ne ramèneront pas à la vie, ni ne consoleront les familles des morts et disparus, les hommes et les femmes indigènes morts pour avoir signifié clairement, souvent par les armes en leur possession, à ces envahisseurs qu’ils ne sont pas les bienvenus et qu’ils doivent repartir. De même qu’elles ne rétabliront pas les écosystèmes dramatiquement détruits sous l’action des bûcherons, du napalm et de la monoculture. Nos sages nous ont enseigné que des excuses dites après avoir reconnu les faits, avec une charge émotionnelle transpirant la sincérité présentées à la victime, grandit et honore son auteur (une faute avouée est à moitié pardonnée).
Hélas force est de relever que les ténors et les nostalgiques de l’Algérie française refusent toujours d’emprunter cette voie de la sagesse et de la raison, convaincus qu’ils sont déjà grands. C’est un peu la grenouille qui se prend pour un boeuf. Alors que par ailleurs la France officielle a reconnu, ce qui est une bonne chose, sa responsabilité dans un certain nombre de tragédies, avait présenté au nom du peuple français des excuses, elle continue de tergiverser dans le cas algérien. Quand la volonté politique était là, elle avait, à titre d’exemple reconnu sa responsabilité dans la rafle du « Veldhuis » mais continue de tergiverser quand il s’agit reconnaître les effroyables enfumades des grottes du Dahra (500 morts asphyxiés) et les massacres du 08 mai 1945 (45000 morts), et les fours à chaux de Guelma. En outre il faut admettre que des excuses arrachées et chargées lourdement d’hypocrisie feront plus de mal que de bien et n’aideront certainement pas le pays à réparer les dégâts causés par la colonisation.
– Commencer par aider le pays à reconstituer le patrimoine sylvicole et arboricole détruit sur plusieurs millions d’hectares, durant les 132 ans de colonisation. Cette action si elle venait à être mise en oeuvre, outre le fait qu’elle sera une première mondiale et constituerait un modèle de coopération exemplaire, sera saluée par la communauté internationale d’autant plus qu’elle cadre parfaitement avec le plan de lutte contre le réchauffement climatique parrainé par l’ONU. En outre le nombre d’emplois directs et indirects que cette action générerait constituera sans nul doute une réponse appropriée au problème de chômage endémique dans les zones visées et un moyen agronomique de réinstaller les écosystèmes détruits par les actions irresponsables de l’administration coloniale et de freiner l’exode rural ainsi que la dégradation des sols.
– Engager sans tarder un programme de décontamination des périmètres des essais nucléaires, prendre en charge médicalement les malformations et autre maladies reconnues liées aux essais nucléaires, indemniser les victimes. Déjà la loi française le prévoit pour d’autres sites d’essais nucléaires.
– Restituer au peuple algérien tous les trésors culturels dont il a été dépossédé arbitrairement, qui garnissent et enrichissent présentement les musées français. Continuer de détenir ces trésors appartenant à un pays présenté comme peuplé de sauvages à civiliser constitue un non-sens. Continuer à soutenir que l’Algérie était « rien avant la colonisation française et spolier son trésor culturel est tout simplement insoutenable et inadmissible. « Hélas, force est de reconnaître et de voir la réalité en face et se dire comment les décideurs de la France qui tergiversent à restituer les crânes de résistants indigènes envoyés en métropole pour y être étudiés par des « scientifiques » en vue de caractériser les indigènes et les classer suivant des critères prédéfinis , comme s’il s’agissait de bestioles, trouveront-ils un jour (il ne faut pas désespérer) la sagesse et le courage politique de reconnaître les méfaits de la colonisation. Fort heureusement pour notre peuple , nos aïeules, par amour pour leur Algérie, et grâce à leur bon sens paysan, avaient engagé, à leur manière, la résistance biologique à l’indésirable envahisseur en consentant de faire des enfants, beaucoup d’enfants, sachant qu’une partie sera emportée par les maladies introduites par ces étrangers, une partie décèdera de misère à laquelle le peuple était réduit, l’autre partie, qu’elles espéraient plus grande, grandira pour peupler le pays et continuer le combat pour chasser l’intrus. Sans ce combat qui s’inscrivait dans la durée, le peuple algérien condamné pourtant par le rouleau compresseur colonial, à disparaître, aurait connu le même sort réservé par les « civilisés » de la vieille Europe aux peuples dits indiens, et parqués dans les réserves. Sans le sacrifice incommensurable de ces douces mamans aimantes, les Algériens d’aujourd’hui (et de demain) n’auraient pas connu l’indépendance et goûté aux délices de la liberté chèrement payée.
* Note d’Alger républicain :
il faut souligner que les Français qui ont le plus fait pour contribuer à abattre le colonialisme en menant un gigantesque et ingrat travail de masse au sein des classes laborieuses françaises pour les libérer de la chape idéologique colonialiste, furent les militants qui se rattachaient aux idéaux de l’internationalisme prolétarien forgés par Marx et Engels, aux idées semées par la Révolution d’Octobre 1917 en Russie, résumées dans le mot d’ordre célèbre : « Prolétaires de tous les pays et peuples opprimés unissez-vous ! ».