Kadhafi mort ! Il faut pleurer plutôt l’Afrique

dimanche 13 novembre 2011

Le jeudi 20 Octobre, les forces coalisées de l’OTAN sous la direction de la France et de la Grande-Bretagne ont à Syrte, assassiné Kadhafi. Tout laissait présager cette issue au regard de toutes les tentatives d’assassinats contre la personne du président libyen depuis le début de l’agression impérialiste contre la Libye. Dès le 30 Avril, dans une déclaration intitulée « Non aux bombardements sur Tripoli et au plan d’assassinat de Kadhafi par la coalition impérialiste française-britannique-américaine-OTAN », le Parti Communiste du Bénin dénonçait un tel plan en œuvre. Face à l’horreur du crime, tout comme dans le cas de GBAGBO, les porte-parole de ces agresseurs se sont empressés de crier que ce sont les forces fantoches du CNT qui en ont été les responsables de l’assassinat et que les forces de l’Otan n’en ont assuré que la logistique. Alors qu’une presse comme l’International Herald Tribune révèle toute la vérité. L’émotion a été grande dans l’opinion publique africaine comme dans la population béninoise ; des voix protestataires n’ont pas manqué de s’élever au sein du peuple à l’annonce de la nouvelle et surtout à la vue du corps couvert de sang du président libyen.

Au-delà de l’indignation légitime que suscite l’assassinat perpétré par des agresseurs étrangers, ce qui est plus révoltant et doit faire couler les larmes, c’est l’humiliation dont l’Afrique a été victime. Notre Continent, représenté par l’Union Africaine a été considéré comme quantité négligeable dans une agression contre un Etat africain souverain. Depuis la honteuse Résolution 1973 des Nations Unies à laquelle ont pris part des représentants des pays africains, jusqu’aux différentes décisions des sommets de l’UA demandant le règlement politique et non militaire entre Africains de la question libyenne, résolutions qui sont royalement ignorées par les forces d’agressions coalisées, tout révèle le caractère dépendant et servile des dirigeants africains à l’égard des puissances impérialistes. Car peut-on imaginer que des pays puissent intervenir contre un Etat européen contre la volonté de l’Union Européenne ? Peut-on imaginer une action militaire contre un Etat américain sans l’accord de l’Organisation des Etats Américains (OEA) ou en Asie sans la volonté de l’ASEAN ? Pourtant c’est ce qui se passe en Afrique qui est le seul continent au monde où les peuples sont esclaves et ne sont pas maîtres chez eux. Tous les Dirigeants africains qui, il y a moins d’un an, couraient à Tripoli et bénéficiaient des largesses de l’ex Président sont restés muets comme carpe face à l’agression inacceptable.

Alors faut-il pleurer Kadhafi ? Certainement. Car tout despote qu’il était, il n’appartient pas aux impérialistes étrangers de venir assassiner un dirigeant d’un autre pays. Ceux qui, aujourd’hui sont les dirigeants du CNT étaient des compagnons proches de Kadhafi et ses dirigeants du CNT proclament la Charia comme base de la constitution de la « Libye nouvelle ». Dès la chute de Tripoli et la résolution de ne pas quitter son pays, le sort de Kadhafi était scellé face à l’acharnement des criminels impérialistes. Mais ce qu’il faut pleurer le plus, c’est le continent africain traité comme moins que rien et les peuples africains abandonnés à leur triste sort. « Cry the beloved country » (Pleure ô pays bien –aimé) écrit l’écrivain sud-africain, Alan Paton. Ce qui est visé et qu’on tue dans Kadhafi, ce n’est pas le despote (malgré toutes les proclamations officielles des agresseurs, il ya bien de tyrans qui bénéficient de leur protection) c’est le panafricaniste, c’est celui qui met des obstacles au pillage insensé des énormes ressources dont regorge le sol libyen. Par cette action terroriste, les agresseurs français-anglais et américains veulent intimider les peuples africains.

Mais l’histoire indique que l’avenir les démentira. Car autant les douleurs de l’enfantement n’ont jamais dissuadé les femmes de tomber enceinte et de vouloir faire des enfants, autant les crimes actuels face à l’éveil des peuples ne feront que renforcer leur détermination à vaincre tous les démons impérialistes. Comme dit Goethe « Il reste assez de force à chacun pour accomplir ce dont il est convaincu ».

Alors le peuple libyen saura tirer leçon de l’amère expérience actuelle pour aller de l’avant.
Les peuples africains à l’instar d’autres peuples du monde sauront se lever, se battre et vaincre.

Cotonou le 24 Octobre 2011.

Le Parti Communiste du Bénin