Nous vivons ici … Président Hollande

mardi 12 août 2014

À l’attention du président de la République française, M. François Hollande

Je vous écris de Damas, à côté de la rue Droite que Saint Paul a empruntée pour se rendre en Europe, afin de diffuser le message de Jésus-Christ. Je vous écris à 50 kilomètres de Maaloula, là où se trouve ma maison, pillée par les terroristes qui ont dévasté le village qui parle la langue du Christ depuis plus de 2000 ans.

Monsieur le Président,

Saviez-vous que le lieu de naissance de Jésus est Bethléem ? Saviez-vous que l’endroit de sa crucifixion et de sa résurrection est Jérusalem ? Saviez-vous que tous les endroits où le Christ a vécu sont en Palestine ? Saviez-vous que nous ne pouvons y accéder à cause de l’occupation israélienne ? Le peuple palestinien est aujourd’hui crucifié à cause de votre silence qui rappelle celui de Ponce Pilate, se lavant les mains du sang de Jésus-Christ.

Monsieur le Président,

Vous invitez les Chrétiens d’Iraq à se rendre chez vous !

Permettez-moi donc de vous informer que Mosul est l’une des quatre premières villes au monde où le christianisme a été propagé, avant même Paris. Elle a une population aussi ancienne que les Assyriens, avant même que l’Occident ne connaisse l’existence du mot « civilisation ».

Vous voulez vider l’Orient de ses Chrétiens non pas dans leur intérêt, mais dans l’intérêt d’Israël, pour qu’elle établisse son état juif et qu’elle ne soit plus entourée que par de petits états religieux qui en légitimeraient alors l’existence. Si vous craignez pour nous, pourquoi donc ne combattez-vous pas les groupes terroristes djihadistes ?

Ne craignez pas pour nous, nous sommes forts malgré toutes les catastrophes qui nous arrivent par votre faute. Nous resterons sur nos terres, dans notre communauté du Levant. Nous craignons plutôt pour vous, car c’est vers vous que les terroristes djihadistes reviendront, vers la société française. Dites-nous alors comment vous les accueillerez, avec les valeurs de la Révolution française ?

Enfin, j’ignore si ces mots vous seront transmis, ou comment ils se propageront, mais il nous suffit que, dans ce Levant, nous y restions, travaillions, pensions et luttions contre tous ceux qui veulent voler le futur de nos enfants. Nos problèmes et calamités, nous les connaissons bien et nous les surmonterons avec le temps. Quant à vous et aux autres pays de décision d’Occident et d’Orient, les larmes et le sang de notre peuple hanteront à jamais votre histoire, votre futur et votre conscience, si seulement vous en avez toujours une.

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Wissam Abdallah - Journaliste

Damas, Syrie

01.08.2014