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Alloula sera toujours présent dans la mémoire et le patrimoine d’un peuple qui l’a guidé et inspiré

lundi 14 mars 2016

Alloula sera toujours présent dans la mémoire et le patrimoine d’un peuple qui l’a guidé et inspiré

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En 1993, Arlequin, valet des deux maîtres, pièce de divertissement, adaptée de l’œuvre de Goldoni, clôture la création théâtrale de Alloula, comme si, avant de lancer sa dernière tirade de gouwâl et de tirer sa révérence, le dramaturge algérien proclamait les droits au bonheur, à l’amour, à la vie et réaffirmait les vertus du rire pour comprendre et critiquer la société, pour maîtriser son propre destin.

Comment peut-on oublier Lithem, Ettefah et Arlequin, valet des maîtres de Goldoni ?
Comment ne pas évoquer ce « généreux » qui a donné son amour, son cœur et son humour aux enfants cancéreux et aux plus démunis ?

Voué entièrement à son art, Alloula qui préparait une adaptation du Tartuffe de Molière, ne voyait pas le danger arriver. L’art dramatique l’accaparait et c’est sans compter sur ce jour fatidique du 10 mars 1994, en plein mois de Ramadhan, alors qu’il se rendait au palais de la Culture d’Oran où il devait donner une conférence sur le théâtre que deux balles tirées à bout portant par deux terroristes l’atteignirent.

Abdelkader Alloula mourut des suites de ses blessures à l’hôpital du Val-de-Grâce, à Paris, le 15 mars 1994.

Il était considéré en Algérie et au-delà, dans tout le Maghreb, comme l’auteur d’une des œuvres les plus fortes et les plus populaires du théâtre algérien.

Alloula tel que je l’ai connu.

« Si vous introduisez un rayon de lumière dans un nid d’hiboux, vous ne ferez que blesser leurs yeux et exciter leurs cris. » Diderot.

Aujourd’hui est le quarantième jour depuis que le cœur généreux de Kader a cessé de battre et son cerveau de fonctionner, définitivement mis à mort par les balles assassines de ceux qui refusent la lumière, de ceux à qui la lumière fait peur.

Un homme est mort depuis maintenant quarante jours, un homme dont l’humanisme et le génie étaient en pleine période de mutation, d’ascension et d’épanouissement, et qui pouvait donner mieux que jamais auparavant à la vie de son peuple, au théâtre, à la production de l’esprit. C’est non seulement une perte, c’est un malheur pour l’Algérie.

Alloula n’irriguera plus jamais son cœur et son esprit de la sève nourricière que lui apportait sans cesse la vie austère, tourmentée et inquiète, mais toujours palpitante, combative et créative, de ce peuple profond dont il a été toujours à l’écoute attentive.

Pour irriguer à son tour de cette sève qu’il fécondait en lui-même, la vie des personnage créés et incarnés à la fois si familiers, si vrais et si fabuleux, si contradictoires et si riches de son théâtre si intime et si complice du théâtre de la vie, ce meddah, ce conteur, troubadour-chanteur dans presque toutes ses pièces , interprété par la voix d’or de Haimour l’écrivain public d’EL Khobza, de Djelloul El-Fhaïmi ou encore de Sakina El Meskina d’El Adjouad ou Salim de Homk Salim, l’excellente adaptation de Gogol et la superbe interprétation de Abdelkader à la fois profonde, délicate et si intelligemment emportée, etc.

Ceux qui l’ont assassiné — qu’ils aient exécuté, commandité le meurtre ou s’en soient rendus complices par leur action, leur discours ou leur silence - en s’attaquant à la vie de l’homme de théâtre, ont cherché à tuer la vie du théâtre, ont cherché à tuer le théâtre de la vie !

Comme si on pouvait imaginer la possibilité de tuer la vie…
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Un ami de Alloula

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