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La reconnaissance par Macron de l’abominable assassinat sous la torture de Maurice Audin ne change en rien la nature de l’impérialisme français
jeudi 20 septembre 2018, par
Ce coup d’éclat du président français fait croire que l’assassinat en 1957 de Maurice Audin - durant un des moments les plus cruciaux de la guerre nationale de libération de l’Algérie - relève d’un passé désormais révolu car renié et condamné de la façon la plus solennelle au nom de l’Etat français par celui qui incarne la République.
Cette reconnaissance est d’abord le fruit de luttes ininterrompues menées par les progressistes, les humanistes et les communistes français depuis plus de 60 ans pour que le crime soit reconnu. Cette lutte avait commencé avant l’enlèvement de Maurice Audin. Elle s’est amplifiée après en faisant du cas du professeur de mathématique enlevé et tué sous la torture un cas emblématique pour tenter d’empêcher les tortionnaires de continuer à supplicier en toute impunité les Algériens dans leur combat pour l’indépendance.
Cette reconnaissance va aiguillonner le combat contre les aventures impérialistes sans cesse poursuivies de l’armée française. L’opinion anticolonialiste ne se laissera pas duper par la manœuvre du chef de l’Etat français. Le comportement de l’armée française ne changera pas. Elle est l’instrument militaire de la politique impérialiste de la France. Son objectif est de protéger par tous les moyens ses monopoles dans tous les pays. Elle intervient brutalement quand ses multinationales sont en danger. Il faudrait écrire des pages entières pour relater les multiples interventions de son armée contre les peuples qui se rebiffent. On peut suivre sa trace à travers les massacres abominables des peuples qui lui résistent et les millions de morts laissés sur le terrain.
Rappel de quelques faits avérés de massacres sanglants qu’il ne faut pas oublier, Madagascar 100.000 morts, mai 1945 en Algérie 45.000 morts, guerre du Vietnam, des centaines de milliers de morts, guerre d’Algérie, 1 million de morts. Sans parler des nombreuses ingérences militaires brutales qui se poursuivent partout un peu partout en Afrique.
Aujourd’hui encore son armée combat au côté de son mentor les USA en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Syrie, au Mali, en Centre Afrique. Elle dispose de nombreuses bases militaires en Afrique. Il faut rajouter les nombreux coups d’État sans oublier surtout l’occupation de notre pays pendant 132 ans.
C’est le 11 juin 1957 qu’Audin fut arrêté par les parachutistes. Brutalement arraché à sa femme et ses enfants. Pendant cette terrifiante « bataille d’Alger ». Une expression fallacieuse fabriquée par Massu et ses acolytes pour justifier toutes les exactions criminelles. Elle fait croire que l’armée française affrontait militairement un adversaire comparable à elle en armes et en effectifs mais fourbe, dénué de toute morale, irrespectueux des règles de la guerre en tuant à coup de bombes des civils européens désarmés.
Non, c’est suite au déclenchement de notre lutte armée que l’armée française va mener dans tout le pays une répression terrible contre notre peuple pour annihiler toute résistance contre l’occupation coloniale française. C’est Alger qui va en être le symbole. Ses parachutistes, massacreurs de peuple, armés jusqu’aux dents vont pénétrer dans Alger pour tuer, assassiner, torturer des milliers d’habitants sans défense. Ils vont arrêter arbitrairement puis soumettre systématiquement des milliers de gens pris au hasard dans la rue à la torture, arme principale de la sanglante répression. Le bilan est très lourd, 3000 disparus en l’espace de quelques mois dans les quartiers algériens d’Alger.
La villa Susini va devenir le symbole de la souffrance et de la mort, on ne sortait pas toujours vivant de ce sinistre lieu. Le camp de Beni-Messous dont personne ne parle servait de base arrière pour cacher les milliers d’Algériens atrocement suppliciés. Les détenus affreusement blessés, certains ayant subi des coups de rabot dans le dos, ou le chalumeau sur les parties génitales, ongles arrachés, brûlures de cigarette, bouteille dans l’anus et d’autres actes sadiques que seuls des esprits assurés de l’impunité pouvaient imaginer. Les conditions de vie n’étaient guère meilleures, les détenus couchaient à même le sol, sans couverture en compagnie des poux et des punaises, conditions sanitaires inexistantes, pas d’eau, impossible de se laver, latrines en plein vent exhalant une insupportable puanteur. Le camp de Beni Messous a vu passer des milliers d’Algériens rescapés de la torture. Certains furent estropiés à vie.
Audin a été arrêté dans ce terrible contexte avec ces milliers d’Algériens. Il est mort en martyr pour son pays l’Algérie. Maurice Audin était notre camarade, membre de notre parti, il est mort en communiste algérien.
Nous saluons la victoire du combat qui a duré plus de 60 ans de tous ceux qui se sont mobilisés, en particulier, de Josette sa veuve courageuse qui s’est battue toute sa vie, pour obliger l’État français à reconnaître ce crime atroce.
Liès Sahoura