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La révolte de Hama de 1982, une répétition générale du soulèvement syrien de 2011

mardi 3 novembre 2015

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Paris – Un travail de déconstruction n’implique aucunement la caution d’un régime encore moins son absolution. La clarification historique d’un événement majeur s’impose d’autant plus impérativement qu’elle doit contribuer à la démystification des principaux protagonistes de l’événement et à la falsification des faits historiques.

La révolte de Hama, en 1982, acte majeur de la stigmatisation du pouvoir baasiste, ne devrait pas échapper à la règle, d’autant plus que le travail de déconstruction ne relève pas d’une tentative de réécriture de l’histoire, mais se fonde sur l’analyse d’un organisme américain nullement suspecté de la moindre sympathie à l’égard du régime du président Hafez Al Assad : La « Defense Intelligence Agency » – DIA.

La révolte de Hama a constitué rétrospectivement une répétition générale du soulèvement syrien du printemps arabe, en 2011, tant par sa motivation identique, son mode opératoire que ses leviers d’influence, à en juger par le rapport de cette agence américaine, en date du 22 avril 1982 et intitulé « Syrie : La pression des Frères Musulmans s’intensifie » – DDB-2630-34-82- 22 Avril 1982.

Une motivation identique

Le combat a été engagé non sur des motifs politiques, mais sectaires : Un régime alaouite que les Frères Musulmans ne considèrent pas comme des Musulmans. Le rapport ne mentionne aucune revendication populaire ou sociale à l’appui du combat de la confrérie en Syrie.
Une même articulation du régional sur le local avec la terreur comme levier de mobilisation populaire

« Le massacre de 50 élèves officiers alaouites le 16 juin 1979, à l’école d’artillerie d’Alep, était apparemment conçu pour signaler le début de l’offensive des Frères pour créer un soulèvement populaire similaire à celui d’Iran ».

Les Frères Musulmans de Syrie souhaitaient tirer profit de la chute du Chah d’Iran et de l’avènement de la République Islamique Iranienne.
Une démarche identique au soulèvement de 2011 où les Frères Musulmans de Syrie ont voulu mettre à profit le printemps arabe en Tunisie, Egypte, Libye. Avec une innovation particulière cette fois, le parrainage du lobby pro israélien de France, le trio Bernard Henry Lévy, Bernard Kouchner et Laurent Fabius, en couplage avec des supplétifs bureaucratiques binationaux de l’administration française, symptôme d’un opportunisme pathologique qui leur aliéna bon nombre d’adhésions d’opposants authentiques.

Un même mode opératoire

Un acte de terreur générateur d’un soulèvement populaire sur une base incitative à la stigmatisation religieuse : En 1982, le massacre de 50 aspirants-officiers alaouites de la caserne d’Alep, en 2011, l’attaque de la base aérienne d’Alep. Au cours de leur combat contre le pouvoir baasiste, les Frères musulmans de Syrie n’ont jamais lancé à une action civile de masse, tel un appel à la désobéissance civile ou à la grève générale illimitée, pour obtenir la chute du régime.

Un même levier d’influence : Le recours à la périphérie pour subvertir le centre

« La campagne de propagande mondiale sophistiquée serait lancée pour soutenir la rébellion et mettre en exergue ses victoires ainsi que la désertion des unités de l’armée vers le côté rebelle. Des communiqués de presse seraient préparés et publiés en Europe et aux Etats-Unis. Des enregistrements radio de propagande anti-syrienne seraient émis par la Voix du Liban (contrôlée par les Phalanges), et la Voix de la Syrie Arabe (d’Irak)…. ».

« L’Irak commença ses efforts préliminaires au début de 1981 à travers sa publication, Al Minbar, qui publierait des violations des droits de l’homme commis par le régime Assad en Syrie et en conséquent relaterait les atrocités commises contre les prisonniers des Frères Musulmans et la brutale répression de Hama de 1980. La radio basée à Bagdad, la Voix de la Syrie Arabe, émettrait les articles d’Al Minbar et se concentrerait sur les thèmes de la répression d’Assad et de son isolation à l’intérieur de la Syrie ainsi que dans le reste du monde arabe… »,

indique le rapport des services américains.

Ainsi donc, les Frères Musulmans qui combattent le régime alaouite car anti musulman n’hésitent pas à s’allier avec les phalangistes libanais (milices chrétiennes), les fossoyeurs des Palestiniens au Liban, c’est à dire les coreligionnaires des Frères Musulmans de Syrie. Ce comportement manque de cohérence en apparence.

En apparence seulement, car la révolte de Hama a éclaté, en Février 1982, deux mois après l’annexion de Jérusalem par Israël, à quatre mois de l’invasion israélienne du Liban, en juin 1982, qui devait déboucher sur le démantèlement du sanctuaire palestinien de Beyrouth et l’élection du chef phalangiste Bachir Gemayel à la présidence de la République libanaise. Une confirmation du rôle relais de la confrérie des Frères Musulmans dans la stratégie de déstabilisation de l’axe de la résistance à l’hégémonie américano israélienne au Moyen-Orient……. dont les Frères Musulmans, principaux alliés de l’Arabie saoudite pendant quarante ans, avant leur criminalisation récente, en auront été un instrument majeur. Le soulèvement de Hama avait pour effet secondaire de soulager l’Irak, alors en difficulté militaire contre l’Iran sur le front de Khorramshahr. Un scénario à l’identique sauf que la Turquie s’est substitué à l’Irak de Saddam Hussein, avec les mêmes bailleurs de fonds les pétromonarchies du Golfe.

Le Bilan

La surprise de ce rapport provient du bilan des victimes : Deux mille morts, bien 2.000 morts et non 20.000 voire 120.000, comme des zélateurs empressés se sont appliqués à amplifier.

Trois des principaux protagonistes de la répression de Hama du côté du pouvoir baasiste, ont depuis lors rallié le camp saoudien américain. L’ancien vice-président de la République syrienne, Abdel Halim Khaddam, l’ancien ministre de la défense, Moustapha Tlass, et le Général Rifa’t al ‘Assad, propre frère du chef de l’état syrien, vice-président de la République et surtout maitre d’œuvre de la répression de Hama.

Ces trois transfuges vivent dans l’opulence en Europe et bénéficient des égards dûs à leur statut de renégats de leurs idéaux baasistes, particulièrement Abdel Halim Khadam qui ira jusqu’à nouer alliance avec eux en 2006, après avoir participé à un gouvernement qui les a sérieusement réprimé. Mais Hama est désormais indissociablement lié à Hafez al Assad, et à son fils Bachar, collégien à l’époque, jamais à l’ordonnateur de la répression Rifa’at, son oncle, grand trafiquant devant l’éternel, sans doute en raison de son alliance para familiale avec le Roi d’Arabie saoudite. Ah les mystères des liaisons incestueuses entre Média et Démocratie entre Média et Vérité téléguidée commanditée.

« Le bilan total de l’incident de Hama se trouve probablement autour de 2,000 morts. Ceci inclut une estimation de 300-400 membres de l’appareil secret des Frères Musulmans, peut-être un tiers de la force contenu dans l’appareil secret en Syrie. Militairement, le gouvernement syrien a tenu en échec les fondamentalistes et cela prendra probablement plusieurs années avant que les Frères puissent être capables de contester les alaouites-baathistes de nouveau »,

conclut le rapport.

Ce constat demeure d’actualité. Il peut être dressé, sans risque d’erreur, 30 ans plus tard.

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Pour la vérité historique ci joint le rapport de la DIA en version française dans son intégralité. -
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René Naba

Publié in en Point de Mire en partenariat avec le site madaniya.info