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Célébration du 8 mars à Guelma : hommage à la chahida Fatma-Zohra Regui
mardi 8 mars 2016
C’est l’histoire d’une battante ayant osé défier, comme tout esprit de fierté, le mépris de la femme algérienne chez les colons à Guelma et ailleurs Symbole de l’émancipation de la femme musulmane qui s’est affranchie, jusque-là, d’une tenue vestimentaire conservatrice de l’époque, le voile noir, appelé communément à l’Est algérien « lamlaya ».
Cette victime des massacres du 8 mai 1945, à Guelma, s’est inscrite dans un courant de libération de l’esprit et du corps féminins au même titre que les femmes occidentales de l’époque. Imaginez un peu le choc que provoqua l’émergence de cette dame élégante sans voile noir en tenue « civilisée », à l’école où elle était une brillante institutrice de langue française, au Boulevard Sadi-Carnot ( aujourd’hui 1er-Novembre ), à la rue St Louis, baptisée Athmane-Meddour …
Pour bien comprendre cette attitude courageuse, il faut rappeler qu’à cette époque, les musulmanes portaient essentiellement des voiles noirs et que pour certains, le comble de l’immoralité était de laisser apparaître les genoux.
Dans cette ère ultra-conservatrice, cette femme courage a pourtant osé braver les limites et les interdits pour les « indigènes ». Elle s’appelle Fatma-Zohra Regui, une chahida pour l’indépendance de l’Algérie qui a dû défier sans crainte et avec mépris ses ennemis pour faire face à la misogynie de l’occupant, reléguant la gent féminine guelmie à un rang inférieur à celui des Françaises. Heureusement qu’elle ne s’est pas laissée faire et s’est battue pour la liberté de tout un peuple, qui est devenue enfin une réalité. Mais à quel prix ?
Les Regui sont une famille de citadins de Guelma, d’origine tunisienne, venue plus précisément de Gabès, selon les anciens de Calama. Ils ont payé un lourd tribut lors des massacres du 8 mai 1945 qu’a connus cette ville. D’ailleurs, la première victime de ce génocide fut Mohamed Regui suivi de son frère Abdelhafid, tous deux criblés de balles par une horde de fous sanguinaires commandée par André Achiary.
En apprenant la mort de Mohamed, assassiné froidement juste après les événements du 8 mai 1945, elle laisse exploser une grande colère en se ruant vers les locaux de la gendarmerie.
Fatma-Zohra fut arrêtée à son tour et torturée dans les locaux des scouts, avant d’être lâchement assassinée à la fleur de l’âge. Les trois cadavres criblés de balles seront retrouvés dans un lieu public sur les hauteurs de la ville.
En ce 8 mars 2016, les Guelmis tiennent à rendre un hommage solennel à Fatma-Zohra Regui, cette femme courageuse qui a bravé difficultés, embûches, humiliations pour la dignité et l’égalité des femmes et des droits du peuple. Mais encore aujourd’hui, il y a des femmes qui ne sont pas respectées, et le combat continue.
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Noureddine Guergour
in Le Soir d’Algérie
du 7 mars 2016