La mobilisation contre l’intolérance religieuse et l’arrestation de « non-jeûneurs » s’amplifie

lundi 4 octobre 2010
par  Alger républicain

Il devient de plus en plus manifeste que des cercles du pouvoir cherchent à créer de graves diversions pour tenter de désamorcer le mécontentement populaire contre les injustices et l’absence de perspectives sérieuses pour la jeunesse fortement touchée par le chômage, la précarité, les bas salaires, l’exclusion de toute protection sociale véritable. Ces cercles agissent visiblement en concertation avec les milieux islamistes les plus réactionnaires pour diviser les travailleurs et les victimes de la politique de pillage des richesses du pays et même pour les pousser à s’entretuer sur la question des pratiques et des convictions religieuses.

On peut déceler à travers l’arrestation de non-jeûneurs en Kabylie une certaine volonté de faire de cette région un abcès de fixation pour détourner l’attention des travailleurs des véritables problèmes qui se posent à eux et au pays. Sans ordres donnés par des groupes influents, on ne voit pas comment des policiers auraient pris l’initiative d’embarquer des citoyens pour le « crime » de non-respect du ramadan. Cette grave opération de diversion fait l’affaire des milieux néo-colonialistes qui se sont dépêchés d’exprimer leur prétendue solidarité avec les victimes de la « police islamique ». Des personnalités françaises connues pour leur allergie anti-algérienne sont allées jusqu’à dissocier la Kabylie de l’Algérie, assimilant chrétienté et berbérité !
De nombreux citoyens s’insurgent contre les procès engagés sous ce motif illégal et anti constitutionnel.

Ainsi "des centaines de personnes ont pris part (…) au sit-in devant le tribunal de Larbaâ-Nath-Irathen, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Tizi Ouzou, en guise de soutien aux quatre prévenus dans l’affaire dite des lieux de culte non autorisés dont le procès a été en fin du compte reporté au 10 octobre prochain à la demande du collectif d’avocats des chrétiens protestants poursuivis en justice, il y a quelques mois. Constitué de militants d’organisations politiques et de collectifs de défense des droits de l’Homme, le rassemblement a vu aussi la participation d’un nombre important de personnes anonymes qui sont venues manifester leur désapprobation des « méthodes policières du pouvoir en place qui empêche des individus d’exercer leur foi en toute liberté », commente un manifestant sur place.

Le collectif du barreau d’Alger est venu au tribunal de Larbaâ Nath Irathen pour demander le report de ce procès qui a mobilisé l’opinion publique locale et les médias à plusieurs niveaux, en raison d’un « contretemps » qui aurait empêché le collectif de départ, celui qui avait plaidé la cause des deux personnes de Aïn El Hammam la semaine dernière sous le chef d’inculpation d’« atteinte aux préceptes de l’islam » de prendre la défense des quatre prévenus « harcelés par la justice et la police », nous dit un membre du collectif initiateur du sit-in. (…)

Sur les banderoles des manifestants qui promettent de revenir le 10 octobre prochain pour dire leur soutien sur place et qui se sont donné aussi rendez-vous le 5 octobre à Aïn El Hammam, en soutien aux deux prévenus qui seront fixés le jour même sur leur sort, on lit : « Liberté de culte – Liberté de conscience », « Des lieux de culte pour tous » et « Abrogation de la loi 03-06-2006 » (La Tribune du 28 septembre 2010).

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Kader Badreddine

1er octobre 2010