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Importation de coke par ArcelorMittal d’Annaba : un transfert déguisé de devises ?
mercredi 21 novembre 2012
L’importation du coke à continue à saigner à blanc le complexe sidérurgique ArcelorMittal d’Annaba et s’apparente visiblement à un transfert déguisé de devises puisque ces sommes colossales « atterrissent » dans les comptes de la maison mère au Luxembourg ou à Londres. En somme, comme le résume ce proverbe populaire algérien « Erracham H’mida wel laab H’mida ».
ArcelorMittal Annaba importe à partir de ses sites en Ukraine ou à partir d’autres pays des milliers de tonnes de coke au prix fort, c’est-à-dire entre 380 et 500 dollars la tonne.
Selon un responsable au niveau de la cokerie fermée maintenant depuis trois ans pour « raison de sécurité », avant la fermeture de cette installation stratégique, le charbon importé revenait à 180 dollars la tonne, après sa transformation, on obtient 1,25 tonne de coke en plus des dérivés tels que le souffre et le goudron qui étaient vendus.
Soit un gain net de 300 dollars à la tonne, en plus des autres gains produits de la vente des dérivés.
« Avant on importait juste 30% des besoins en coke puisque les capacités de la cokerie en activité couvraient 70% ; en 24 heures, le haut-fourneau engloutit 18 tonnes par four et la cokerie en compte 65. Faites le compte et vous découvrirez le montant en devises fortes que débourse le complexe par an et cela dure depuis trois longues années pendant lesquelles on a importé.
Le fameux plan d’investissement autour duquel il y a eu tout un tapage médiatique n’est pas encore mis en place et la rénovation hypothétique de la cokerie n’a pas encore eu lieu. Il coulera des tonnes d’eau sous les ponts avant que celle-ci ne soit opérationnelle.
Entre-temps, la saignée aura atteint des niveaux insupportables pour l’économie nationale mais qui en même temps enrichit le groupe ArcelorMittal. »Notre interlocuteur poursuivra, non sans amertume, pour nous révéler que même les bobines de fer plat sont acheminées vers la Tunisie pour leur découpe. L’opération est effectuée par une entreprise française dépendant du groupe et installée dans ce pays. Tout est payé en devises alors que les mêmes équipements existent au niveau du complexe sidérurgique et les compétences sont disponibles pour exécuter les mêmes opérations.
Un préjudice aux conséquences incalculables pour le Trésor public mais qui n’a nullement inquiété les syndicalistes du complexe occupés qu’ils sont à s’entredéchirer pour contrôler cette instance dite représentative des travailleurs.
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Article de Mohamed Rahmani
in La Tribune du 19 novembre 2012