Un communiste même s’il est chahid, subit encore consciemment ou pas (?) le sectarisme du fait de ses convictions

jeudi 26 mai 2016
par  Alger républicain

L’auteur d’un long texte, dont le titre est « Utilité et futilité des temps modernes », publié sur un site étranger ou plutôt d’une longue dissertation, écrite certes non sans talent mais incomplète, sur le refus de Joseph Andras de recevoir le prix de l’Académie Goncourt pour son premier roman intitulé « De nos frères blessés » inspiré par le parcours du résistant communiste algérien Fernand Iveton, chahid, guillotiné le 11 février 1957 à Serkadji.

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Fernand Iveton - DR

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L’auteur de cette dissertation, Ahmed Bacha, ancien cadre supérieur de la Sonatrach, soulève de nombreux aspects autrement intéressants qui pourraient passer inaperçus s’il n’en faisait état. S’il ne les rappelait pas cela serait une grave lacune tant ils sont d’importance ! C’est son mérite. Cependant, il réalise, consciemment ou pas, la prouesse de ne pas citer l’organisation à laquelle appartenait ce martyr. Mais là n’est pas le sujet, chicaneront certains. Nous rétorquerons, qu’un court résumé de trois lignes du contenu de ce livre n’aurait pas rompu le riche argumentaire de ce texte.

Le contenu du roman de Joseph Andras est le parcours de Fernand Iveton, ce militant membre du Parti communiste algérien. Mais nulle part n’est abordé le contenu du roman ni n’est signalée son appartenance à cette organisation. Cette façon de faire, sciemment ou non, conduit toujours - par ignorance, par sectarisme ? - à omettre le rôle important de ce parti dans les luttes sociales et nationales qui préparaient la voie à l’engagement dans la guerre de libération. Car, contrairement aux autres partis nationaux comme l’UDMA ou de certaines de leurs fractions à l’instar des « centralistes », pour ceux-là avec retard, l’objectif principal était d’arracher l’indépendance en ignorant les conditions dans lesquelles vivaient ou survivaient ou se battaient les masses laborieuses alors que le PCA liait les deux combats favorisant ainsi une véritable prise de conscience et la perspective de l’instauration d’une démocratie qui serait populaire.

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Fernand Iveton (à gauche) devant sa machine à l’atelier de Gaz d’Algérie
DR

Il existait aussi à l’époque de la colonisation un cercle, certes restreint, de petits ou gros bourgeois. Mais ils n’en exploitaient pas moins les travailleurs même si certains d’entre eux avaient des sentiments qui correspondaient avec les aspirations patriotiques. Sans parler des collaborateurs du colonialisme appelés béni-oui-oui, trop souvent oubliés.
Il est toujours regrettable de constater de telles attitudes, celles d’ignorer le combat des communistes algériens. Certains vont jusqu’à affirmer que ce parti était insignifiant. Bien sûr, l’argument est pauvre. Si tel avait été le cas comment expliquer que les responsables du FLN avec à leur tête Abane Ramdane, aient négocié l’admission des militants communistes des Combattants de la Libération (l’organisation armée du PCA) au sein de l’ALN ?

Il eût été bon de rappeler en peu de lignes ces quelques faits pour rétablir un peu d’équilibre dans la vérité historique.

Mais reconnaissons à Ahmed Bacha son élégance et sa qualité de « grand seigneur » lorsqu’il rend hommage à Joseph Andras en disant que son geste, le refus de recevoir le prix de l’Académie Goncourt, le grandit.

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Malik Antar
25.05.16


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Fernand Iveton guillotiné le 11 février 1957 à (...)