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Ghaza : 224è jour ordinaire d’un génocide en cours

lundi 20 mai 2024, par Alger republicain

Rien ne semble arrêter l’Etat facho-sioniste dans l’accomplissement du plus grand crime contre l’humanité de ces dernières décennies.
Baignant dans l’ivresse que lui procurent sa toute-puissance militaire, ses avions, ses missiles, ses drones, ses chars, ses navires de guerre, il s’est persuadé qu’il peut commettre dans l’impunité tous les forfaits qu’il juge indispensables à son maintien comme base avancée de l’impérialisme dans la région.

Soutenu matériellement et politiquement par tous les régimes impérialistes de l’Occident, doté du dernier cri de l’intelligence artificielle appliquée aux assassinats de masse, fort de ses 90 ogives nucléaires et a l’abri de la flotte américaine qui tient en respect tous les pays de la région, cet Etat ne connaît aucune limite dans sa volonté criminelle d’en finir avec un peuple qui n’a que ses armes de petit calibre à lui opposer pour défendre sa terre et son droit à la vie comme n’importe quel autre peuple.

Le choix qu’il leur a laissé depuis le 7 octobre est d’une simplicité macabre. Ou ils se font tuer sous le déluge ininterrompu de bombes. Ou ils quittent de leur plein gré, si tant est que ces mots aient un sens, leur patrie pour aller mourir en masse dans le désert du Sinaï. Mais les Palestiniens ont fait le choix de refuser une deuxième Nekba, de rester chez eux sur les terres de leurs ancêtres. Aux prix de malheurs sans nom actuels et à venir.

Les cerveaux du sionisme arrogant qui ont laissé se faire le 7 octobre, sans imaginer toutes les conséquences de leurs calculs sur leur propre plan diabolique, sans s’attendre un seul instant à recevoir sur le visage son effet boomerang, n’avaient jamais prévu une telle détermination chez les Palestiniens. Ils avaient pris l’habitude de les écraser sous les bombes, de les pourchasser de ville en ville, de pays en pays, de les pousser de plus en plus loin de leurs terres à l’issue de provocations minutieusement montées, de guerres éclairs exécutées grâce aux moyens les plus perfectionnés que leur maître US et ses vassaux d’Europe et d’ailleurs ont mis à sa disposition.

Cette guerre de l’Etat sioniste contre le peuple palestinien est la guerre de trop quoi que fassent ses complices pour tenter de faire taire les voix des justes qui s’élèvent dans toutes les citadelles de l’impérialisme et crient leur révulsion face à la barbarie. La répression des étudiants, des professeurs, des syndicalistes, des femmes et des hommes de progrès, n’arrivera pas à bout de ce vaste mouvement international qui s’est levé pour paralyser le bras de l’agresseur et dire « assez ! ».

Le bilan effroyable de l’opération génocidaire lancée au lendemain et au prétexte de la révolte des opprimés de Ghaza refusant le joug des sionistes s’élevait vendredi à plus de 35 300 Palestiniens tués et à plus de 79 200 autres blessés. Les deux tiers d’entre eux sont des femmes et des enfants.

Le sacrifice de 147 journalistes, photographes, cameraman palestiniens n’aura pas été vain. Ils ont filmé et transmis en direct les témoignages irréfutables du massacre. Chaque fois que l’une d’elles ou l’un d’eux tombe sous les tirs des missiles ou des drones qui les ciblent spécialement, d’autres se lèvent aussitôt pour prendre la relève. Israël peut faire sauter leurs maisons, peut tuer jusqu’au dernier les membres de leurs familles, à l’aide d’un missile d’une précision millimétrique, elle se leurre si elle pense qu’elle peut les terroriser au point de les amener à renoncer au devoir de faire connaître la vérité au monde entier. Ils continueront à partager avec des milliards d’hommes et de femmes dans le monde les images horribles des crimes commis par un Etat que rien n’arrête. Les facho-sionistes s’étaient installés dans la certitude que leurs alliés et leurs chiens de garde dans les médias pouvaient couvrir indéfiniment leurs forfaits en prétendant qu’ils ne font qu’exercer leur droit à se défendre. Ce thème éculé est propagé de façon obscène par une armée de commentateurs menteurs, dissimulateurs et occulteurs, propagandistes grassement rétribués par les patrons des grandes chaines de TV du monde capitaliste, bras médiatique des oligarques acharnés à maintenir les peuples sous leur coupe.

Israël a pu durant plus de 76 ans travestir les faits. Longtemps, dans de grandes parties du monde, elle a pu faire passer pour une vérité indiscutable la fable de l’agneau menacé de se faire dévorer par des loups affamés et des éléments retardataires et fanatiques. Les stratèges en communication de l’oppresseur et de ses alliés, écoeurants donneurs de leçons en matière de « droits de l’homme », de « démocratie » et de « liberté de la presse », se sont lamentablement plantés. Ils n’ont pas pensé un seul instant que le peuple palestinien a enfanté une génération de héros sachant manier à merveille les caméras et les moyens de transmission moderne pour montrer à la seconde près au monde entier le vrai visage de l’Etat d’Israël, ses véritables objectifs génocidaires. Ce qu’il est réellement non pas depuis seulement le 7 octobre, ni depuis ce fameux 14 mai 1948, date de sa constitution au mépris même des mécanismes prévus dans le plan de partage de l’ONU de 1947, plan en lui-même inacceptable, mais depuis bien avant. En fait, depuis la déclaration de Balfour en 1917 qui a promis aux premiers aventuriers politiques sionistes de satisfaire leurs rêves déments d’une « terre promise ». Autrement dit bien avant l’holocauste qui sera abominablement exploité pour justifier la prise de la Palestine, la guerre contre son peuple. Les horreurs indicibles infligées aux juifs pour le fait d’être juifs ont servi aux successeurs des collabo européens des nazis de prétexte pour pousser des groupes de survivants profondément traumatisés par la shoah à quitter les pays où ils vivaient depuis des millénaires. Leur malheur a été instrumentalisé avec indécence pour réaliser le plan de spoliation du peuple palestinien de son pays. C’est un macabre « grand remplacement » qui a été mis en route par la grande bourgeoisie financière US et européenne dans le cadre de la domination du Moyen-Orient. Les stratèges de cette bourgeoisie avaient tout prévu exceptée la résistance du peuple palestinien qui se poursuit depuis 107 ans. Et que rien ne pourra plus étouffer.

Les vidéos de la boucherie en cours depuis 7 mois déroulent les scènes insoutenables de l’oeuvre « existentielle » abominable d’Israël.

Des fleuves de sang, la destruction méthodique de toutes les infrastructures de vie, l’application d’un plan d’assoiffement et d’affamement de la population Ghaza, les persécutions et les spoliations en Cisjordanie, ces images font le tour du monde. Elles permettent de reconstituer rétrospectivement le fil qui relie la barbarie actuelle à celle de 1948 que les appareils photos de l’époque n’avaient pu fixer de façon aussi effarante qu’aujourd’hui. Désormais ils sont nombreux dans le monde ceux auxquels on avait réussi à faire avaler le roman épique d’un Etat pacifique entouré de voisins menaçant sa sécurité mais qui voient de leur propre yeux qui est l’agresseur et qui est l’agressé, qui est l’oppresseur et qui a droit à se révolter contre l’oppression. En cela, on peut considérer que le peuple palestinien a remporté une grande victoire politique. Cette victoire est annonciatrice d’une inéluctable libération. Mais elle exigera encore plus de sacrifices et de solidarité internationale. Elle nécessitera surtout de l’adresse dans l’art de mener sa lutte légitime. Car il ne s’agit pas seulement d’isoler l’Etat qui l’a dépossédé de sa patrie mais surtout de venir à bout d’un ennemi infiniment plus dangereux, l’impérialisme US, celui grâce à qui Israël s’octroie tous les droits, y compris celui d’accuser d’ « antisémitisme » l’Assemblée générale de l’ONU et, ironie suprême de l’histoire, des Etats comme la France pour avoir voté une résolution en faveur de l’Etat palestinien.

Il y a presque cinquante ans, au printemps 1975, le peuple vietnamien avait réussi à battre politiquement et militairement l’impérialisme US.

Il y a maintenant 70 ans en mai 1954 il avait infligé une lourde défaite au colonialisme français dans la cuvette de Dien Bien Phu.

Zoheir BESSA