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La femme dans le monde et au Vénézuela.
samedi 6 mars 2010, par
Chaque 8 mars, une femme bien de son temps, quoique l’objet de la lutte ait pu changer au cours du temps autant que sa forme, nous rappelle les objectifs que nous défendons en cette journée de lutte, les activités que nous organisons pour les accomplir. Clara Zetkin vit toujours comme un exemple éclatant de ce dévouement persévérant et quotidien, dont les discours et l’action étaient tournés vers une nécessité inéluctable, la conquête de la transformation de l’être social qui nous opprime, et empêche le développement de la femme et de l’homme.
Clara Zetkin, un exemple de dévouement et de conséquence politique
Au cours des 76 ans de sa riche existence, elle en a consacré près de 40 ? la lutte pour construire un front fort des travailleuses et des femmes démocratiques et pacifistes. Et quand en 1932, malade et presque aveugle, elle est intervenue une dernière fois au parlement allemand, c’était pour appeler « les femmes et les travailleuses de tous pays ? s’unir dans un front unique anti-fasciste pour la défense de la liberté », elle l’a fait en défiant les graves dangers de l’escalade hitlérienne et en faisant face ? la trahison de la social-démocratie.
En 1889, déj ? , elle était intervenue au Congrès des Travailleuses qui se déroulait ? Paris, appelant de ses vœux l’organisation du mouvement des femmes ? l’échelle internationale en en 1900, avec Rosa Luxembourg, elle en a appelé ? organiser des mouvements de protestation contre le militarisme et la guerre, auxquels les femmes et les jeunes devraient participer activement en luttant pour la paix.
En 1910, lors de la Seconde Conférence Internationale des Femmes Socialistes réunissant des déléguées de 17 pays, quand Clara Zetkin propose une « journée d’action pour les droits des femmes et pour la paix »... tous les 8 mars, date ? laquelle, en 1857, la démocratie Yankee avait massacré les femmes qui, avec leurs enfants, participaient ? une manifestation d’ouvrières, ? New York. Et ce n’était même pas une manifestation politique, mais plutôt une action de lutte pour obtenir gains de cause sur des revendications syndicales.
Quand en 1911, on fête pour la première fois le 8 mars, près d’1 million d’hommes et de femmes, coordonnent leurs mots d’ordres sur des objectifs particuliers qui deviennent permanents, avec la lutte commune contre la guerre impérialiste, que les capitalistes préparent.
En 1915, les socialistes opportunistes cèdent devant la bourgeoisie et apportent leur soutien ? la guerre impérialiste, et c’est elle qui ? la Conférence des Femmes Socialistes de Berne, lance un appel ? mener la lutte pour la paix... « pour laquelle la solidarité internationale des femmes sera décisive »
De la trahison de la social-démocratie au communisme, Révolution d’Octobre et ligue spartakiste
On l’emprisonne et on la condamne pour cela. Mais la prison ne la fait pas changer et ? sa sortie, elle rentre dans la lutte clandestine avec la Ligue Spartakiste. Quand elle devient le Parti Communiste Allemand, elle est élue membre de son Comité Central.
Les bolchéviques prennent le pouvoir et le socialisme commence ? devenir une réalité concrète et « l’intégration politique justement de ceux qui souffrent le plus de l’oppression capitaliste », comme l’exprimera Lénine le 8 mars commence ? devenir également une réalité. Clara Zetkin, contrairement ? d’autres pionniers qui n’ont pas vu voir leurs rêves se concrétiser, a eu le bonheur de voir comment les conditions matérielles ont été créées pour mettre fin ? la « servitude domestique », l’égalité en droit dans le couple est devenue une réalité et l’éradication progressive du poids des préjugés sociaux qui a empêché les hommes et les femmes d’avancer dans la conquête de leur développement collectif et personnel, et cela continue ? être un jalon pour la cause des femmes et des exploités en général, dans une société séparée en classes antagonistes.
L’aide de Clara Zetkin a été immense dans l’éveil des femmes, dans la prise de conscience de leur valeur et de leur capacité potentielle ? décider du développement possible d’une nouvelle société dans le monde. Et cet apport n’a pas été seulement pratique.
Connaisseuse de la doctrine marxiste et co-fondatrice du parti ouvrier dans son pays, elle a participé activement ? la lutte contre le révisionnisme opportuniste et contre la conception selon laquelle l’émancipation féminine est une lutte entre sexes antagonistes irréconciliables. Elle affirmait que la lutte pour l’émancipation de la femme était partie intégrante de la bataille pour l’émancipation de la classe ouvrière, pour la rédemption des exploités. Elle nous a enseigné qu’il faut, chaque 8 mars, analyser concrètement les facteurs objectifs et subjectifs qui conditionnent la situation du moment, pour trouver les mots d’ordres justes qui peuvent pousser les femmes, ? tout instant, ? se joindre ? la lutte.
Elle préconisait un mouvement des femmes de masse dans lequel on retrouverait « tous les mouvements, partis et centrales syndicales », souhaitant la participation active et consciente des masses féminines dans les luttes. Elle affirmait que c’était une responsabilité inéluctable que d’intégrer dans la lutte : ouvrières, paysannes pauvres, femmes au foyer, employées et intellectuelles, et qu’ ? cette fin il était indispensable d’utiliser des formes particulières de lutte : « prenant en compte leurs propres intérêts, leurs particularités ».
Elle analysait objectivement les causes économiques, sociales et politiques, qu’englobe une société de classe, l’intégration des femmes aux luttes, et pleine d’optimisme, elle affirmaient que les conditions étaient réunies pour les faire participer ? la lutte pour la conquête des prémisses qui assureraient son libre développement et l’exercice plein de sa condition humaine.
Les résultats de la lutte au niveau international lui ont donné raison. Chaque année, de nouveaux contingents féminins venaient rejoindre les rangs des mécontents, et la commémoration du 8 mars se nourrissait de cette libération des femmes, nécessaire et insatisfaite. Et c’est ainsi, que dans ce Paris, où l’on entendit son vibrant appel ? la construction d’une organisation internationale féminine en 1889, que s’est constituée la « Fédération Démocratique des Femmes », concrétisant cet instrument de lutte qu’elle deviendra 45 ans plus tard. Liée au combat contre le fascisme, le colonialisme, le néo-colonialisme, le néo-fascisme et la guerre, la lutte des femmes partout dans le monde pour leur émancipation est devenue une force puissante, qui a contribué ? lier la lutte des femmes ? celle des masses pour le développement des peuples, l’égalité non seulement des femmes mais aussi de toutes les races, la coexistence pacifique et la paix.
Le cas concret du Venezuela, un cas d’école. Avant-garde auto-proclamée ou mouvement de masse ?
En 1975, « l’Année Internationale de la Femme » a été utilisée par les femmes progressistes pour élever le niveau de conscience des femmes du monde entier, et au Vénézuela elle a ouvert des perspectives de progrès, le dévouement qui a rendu possible le succès du projet que nous, femmes vénézueliennes, avions tracé ; mais ces possibilités ne se sont pas concrétisées.
Un nouveau 8 mars nous met face ? la nécessité d’analyser la situation dans laquelle se trouve le mouvement des femmes au Vénézuela. Dans le passé, on prévoyait la préparation et la réalisation d’activités pratiques qui nous permettrait de faire de cette journée mondiale un succès, notre travail planifié, et traduit dans les faits, a démontré qu’il était possible de mobiliser, tous ensemble, de larges secteurs de la société pour lutter en faveur de l’égalité juridique et sociale de la femme ; contre la discrimination salariale et pour l’égalité des enfants, pour la conquête de la paix, le progrès social, la démocratie et l’indépendance nationale.
Cet objectif, en dépit de son caractère immédiat, n’a pas été facile ? conquérir. Il a fallu vaincre de multiples difficultés découlant de la diversité des perspectives et des opinions, causées par l’hétérogénéité des classes et les diverses positions idéologiques (partisanes ou non) des sources qui alimentent le torrent du mouvement féministe de masse ; mais surtout ? cause du vice, qui vient de loin, de la division de notre mouvement de masse en général.
En paroles, la majorité des acteurs du mouvement exprimait son accord sur l’idée que des organes spécifiques au sein des partis et des organisations de masses étaient nécessaires, pour promouvoir la femme et la pousser ? prendre confiance en elle et ? exercer ses capacités, déj ? comme partie intégrante d’une société qui a besoin de la participation de tout le monde, ou comme personne qui a de fait des devoirs et des responsabilités égales aux hommes en tant que citoyens, travailleurs et chefs de famille. La majorité a également affirmé qu’il était nécessaire de construire une organisation large et de masse, qui unifiera les luttes pour nos objectifs communs. Ces organes se sont créés et aucun n’a fonctionné avec régularité.
Les caractéristiques particulières dans la dialectique même de notre processus politique, débouchent en partie sur ces frustrations nées des possibilités énumérées. C’est un facteur objectif que le mouvement progressiste et de masse peut seulement surmonter ensemble ; mais il y a un facteur subjectif spécifique qui est surtout de la responsabilité des dirigeantes : le travail avec les femmes n’a pas été conséquent, persévérant et quotidien. Il ne s’est pas adressé aux grandes masses et est resté limité, quand cela a été même le cas, ? l’avant-garde de diverses tendances. Donc l’agressivité petite-bourgeoise s’est écarté du droit chemin naissant de l’analyse sereine, d’une part ; d’autre part la déviation légaliste et attentiste selon laquelle il est essentiel de s’en remettre aux chambres législatives pour qu’ils nous pondent une « loi salvatrice », omet la nécessité de pousser les majorités féminines ? lutter pour elles-mêmes et même, l’urgence de gagner l’action solidaire des hommes progressistes ? cette fin, et provoquent l’agressivité qui dévie de son droit chemin l’analyser sereine et l’étude sérieuse des causes, les manières de contrarier ses effets et de dégager des perspectives devant, dans et avec les masses féminines, la seule manière de les intégrer au travail.
Avec toutes ces limites que nous venons de signaler, les progrès des femmes dans le monde, auxquels n’est pas étranger l’existence du système socialiste ? Cuba, en Chine, en Corée et au Vietnam, la lutte conséquente des femmes dans les pays où la discrimination contre les femmes subsiste, ainsi que notre propre lutte semée d’embuches, imprègnent la conscience sociale, comme le démontre l’existence de Ministères des Affaires Féminines, qui ne nous a rien apporté toutefois.
C’est pour cela que je pense que ce 8 mars, nous devons proposer comme mot d’ordre « Être plus efficaces », comme le demanderait Clara Zetkin, et pour cela : commençons ? envisager les conditions pour mener une lutte unie, contre le danger de la guerre mondiale qui agit encore l’impérialisme, pour la solidarité internationale et l’amitié entre les peuples, qui évite les guerres limitrophes entre pays frères frontaliers, qui par l’action des secteurs les plus réactionnaires de ses classes dominantes, meut l’impérialisme ; pour l’unité des forces progressistes pour obtenir de meilleures conditions de vie et l’égalité juridique pour la femme vénézuelienne et sutout : pour la conquête de plus larges secteurs des femmes, pour le travail en vue de la réalisation de ces objectifs. Jamais des avant-gardes isolées dans leur narcissisme exhibant des « personnes importantes » ne pourront rien gagner.
Des masses intégrées pour être efficaces, comme nous le conseillerait notre inoubliable Clara Zetkin.
par Olga Luzardo, dirigeante historique du Parti Communiste Vénézuelien (PCV)
Tribuna Popular, mensuel du PCV, numéro 174.
Traduit par MA pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Voir en ligne : Blog du Parti Communiste Français qui a traduit l’article.