Face aux déclarations insensées des néocolonialistes

lundi 10 octobre 2022
par  Alger republicain

Notre méfiance se doit d’être de mise

Par Mahmoud Chabane
Article publié dans « Le Quotidien d’Oran » du 05 octobre 2022

Extraits


DU BLE CONTRE DU GAZ :

« Pour contourner les effets négatifs de la décision européenne de boycotter le gaz russe qui pèsent lourdement sur les économies des pays qui en sont membres, des ténors de la scène politique française n’ont pas trouvé mieux que de demander à leur gouvernement de se saisir de l’opportunité qu’offre la visite de leur Président en Algérie, du 25 au 27 août 2022, pour établir avec celle-ci le deal (?) suivant : « du blé contre du gaz » ! La manière dont c’était dit, laisse suggérer que cette offre généreuse est à considérer par... les Algériens comme un privilège que la France grandiloquente accorde à des alliés, ceux du premier cercle, cela s’entend !

En fait, cette offre … rappelle étrangement dans sa finalité, celle formulée par l’administration coloniale acculée qui consistait à troquer la fin de la guerre d’Algérie contre l’indépendance du nord, comprendre agricole, sans l’Algérie du sud, appelée pour l’occasion Sahara (autrement dit désert), comprendre hydrocarbure.
… il est aisé de déduire que le projet diabolique élaboré par des stratèges de la colonisation visant à torpiller la révolution armée de libération nationale et à diviser les Algériens, devant permettre à la France néocoloniale de conclure « la paix des braves » et de faire main basse sur les hydrocarbures, reste vivace, non abandonné.

… Ce qui permet de dire que le néocolonialisme n’est pas frappé par une date de péremption !

… En fait le but inavoué de ces déclarations est de :

1)- obtenir un marché, pourquoi pas de de gré à gré, leur permettant d’écouler le surplus de production de blé tendre et rassurer par la même leurs céréaliculteurs.

2)-sécuriser, en attendant le dénouement de la crise que traverse le marché du gaz, les approvisionnements en gaz de l’industrie, des populations, et de l’agriculture (il faut du gaz pour produire des engrais azotés nécessaires pour booster la production agricole, chauffer les serres et autres bâtiments d’élevage)...

3)- confiner notre pays, qui reste dans l’imaginaire de ces néocolonialistes un réservoir de matières premières indispensables pour leur industrie, un marché pour écouler leurs surplus de productions, et un fournisseur de main d’œuvre choisie, dans le statut de pays sous-développé qui lui est dévolu par les puissants du moment.

  • Par le biais de ce marché, il est visé l’aggravation de notre dépendance alimentaire vis-à-vis de l’ex-puissance coloniale, une situation utilisable, en cas de besoin, pour faire pression sur notre pays. Ceci est d’autant plus plausible que l’histoire récente de notre pays nous enseigne que le pouvoir politique français avait fait usage de ce genre de procédé en 1971, ( pour ne citer que ce fait dommageable), quand l’Algérie avait décidé, dans le cadre de politique de récupération de ses richesses naturelles mise en œuvre durant les années 1960 et 1970, de nationaliser les hydrocarbures. Il convient de rappeler que cette décision souveraine de notre pays, qui avait jusque-là échappé au réseau France Afrique mis en place pour soumettre les anciennes colonies, avait donné l’occasion aux autorités françaises de déclencher une avalanche de sanctions visant à faire plier notre pays et à entraver son développement économique et social, Fort heureusement pour notre pays, les importations de technologies et de produits alimentaires de base à partir de la France étaient réduites à leur plus simple expression ce qui avait permis de mettre en échec les entreprises de sabordage de notre plan de développement national. Il est à souligner que la vigilance dont avaient fait preuve les acteurs politiques et économiques, en place à l’époque, s’est avérée salvatrice.

… la politique ultralibérale visant la remise en cause de la politique d’égalité des chances mise en œuvre durant les 60 et 70, favorisant les importations tous azimuts de produits « made in ailleurs », poursuivie depuis, ayant induit le déclassement et le délaissement des productions nationales (agricoles et industrielles) semble donner du grain à moudre aux nostalgiques de l’Algérie française et à ceux qui mettent sur la table ce marché de dupes déséquilibré et très favorable à tous points de vue à l’ex-puissance coloniale. »