Accueil > Actualité politique nationale > L’assassinat de Ali Boumendjel en 1957 : reconnaître un acte barbare du (…)
L’assassinat de Ali Boumendjel en 1957 : reconnaître un acte barbare du colonialisme parmi tant d’autres, et c’est tout ? Le compte n’y est pas
vendredi 9 avril 2021, par
Par cette reconnaissance officielle, que cherche l’impérialisme français ?
On voudrait bien croire à une véritable reconnaissance d’une erreur passée en essayant d’effacer un contentieux qui a duré plus de 132 ans. Notre peuple ne peut pas oublier les crimes de l’impérialisme français. Mais en France les blanchisseurs des crimes actuels que commet l’impérialisme et son bras armé, l’OTAN, aux quatre coins de la planète à travers ses interventions militaires, ses ingérences, ses embargos qui plongent les peuples dans la misère pour les forcer à se révolter contre leurs dirigeants, ces blanchisseurs des guerres « soft » tentent de nous faire oublier le passé et d’occulter le présent derrière la trouvaille des « récits mémoriels » devant marquer un nouveau point de départ « apaisé » entre bourreaux et victimes.
« Mémoire » ? Un mot complètement galvaudé par les historiens des puissances dominantes ainsi que par les nouvelles couches nanties arrivistes algériennes qui leur demandent de faire acte de "repentance" ne serait-ce que de pure forme à seule fin de pouvoir traficoter avec « l’ancien ennemi » paisiblement, tranquillement, sans la crainte des fantômes du passé, sans s’attirer les foudres du petit peuple paupérisé, écrasé sous la domination partagée de la bourgeoisie interne et de l’impérialisme. C’est un mot fourre-tout et un prétexte pour tout effacer à moindres frais et on continue comme avant.
Le rapport de Stora va dans ce sens, tout le monde est bon, tout le monde est gentil. Les massacres, les enfumages, la spoliation des fellahs de leurs meilleures terres, les millions de gens qui ont subi une humiliation sans pareille, 8 années de guerre terrible, on ne les efface pas d’un coup de chapeau, les plaies sont encore grandes ouvertes.
L’impérialisme français ne va pas et ne peut pas changer de nature. L’impérialisme c’est d’abord est avant l’étape ultime du développement du capitalisme parvenu à un haut niveau de concentration du capital, à la domination du capital financier détenu par une petite minorité de monopoles et d’oligarques, produit de la fusion du capital bancaire et du capital industriel. C’est la phase de l’exportation des capitaux, de la lutte permanente pour le repartage des zones d’influence entre puissances impérialistes, de l’accaparement des sources d’énergie et des voies de leur acheminement, des guerres inévitables qui accompagnent ce repartage et que dicte aussi la nécessité de protéger les zones où prospèrent les capitaux exportés grâce à l’exploitation de la classe ouvrière.
La guerre de libération a contraint l’impérialisme français à accepter l’indépendance. Mais l’impérialisme français ne s’est jamais avoué vaincu. Il a toujours tenté de reprendre ce qu’il a perdu, notamment après la nationalisation des terres des colons, des richesses pétrolières et des mines, celle des banques, le lancement des plans de développement des années 1970, etc.
N’a-t-il pas défendu le Front Islamique du Salut (FIS) pendant la décennie noire ? Plus de 100 000 de nos concitoyens ont été assassinés par les hordes criminelles sous le drapeau de la religion, sous le paravent de la propagande du "qui-tue-qui" initiée en France, sous la bénédiction des signataires du Pacte de Sant’Egidio, chefs des tueurs islamistes, FFS, Louisa Hanoune, Mehri, Djaballah, islamiste institutionnel, Ali Yahia Abdennour, grand chantre des droits de l’Homme adulé par les socialistes et la droite françaises. Une période sombre de l’histoire du dit berceau des Lumières, apparemment passée sous le silence révélateur de la duplicité de la France impérialiste. D’autre part les rapports privilégiés avec le Maroc et le silence complice sur l’occupation illégale du Sahara occidental par la monarchie réactionnaire vermoulue du Maroc sachant que l’Algérie est directement menacée par ses visées expansionnistes. Des positions qui n’ont rien à voir avec un changement de politique à l’égard de notre pays, bien au contraire. Ce sont des ingérences inacceptables pour forcer l’Algérie à renier ses engagements en faveur de la décolonisation du Sahara occidental, en dépit du fait que notre pays est dirigé par une bourgeoisie réactionnaire portée à la conciliation avec l’impérialisme, français ou américain, attentive à leurs desiderata , soucieuse de ne rien faire qui puisse les courroucer.
Alors, l’annonce des autorités françaises sur le martyre de Ali Boumendjel, sauvagement torturé et assassiné par les paras de Massu en mars 1957, en oubliant Larbi Ben Mehidi, un chef historique du FLN, assassiné dans les mêmes conditions et des milliers d’autres, cette annonce n’engage à rien. La famille n’avait jamais reconnu la thèse du suicide avancée par les autorités françaises pour maquiller le crime. Avait-elle besoin de cette « reconnaissance » ? Boumendjel a donné sa vie pour la libération de son pays. La meilleure reconnaissance est celle de son peuple qui a donné dès les premiers mois de l’indépendance son nom à l’une des rues du centre de la capitale. Et celle des forces progressistes des autres peuples, des progressistes français qui ont soutenu sa guerre de libération et combattu la propagande et les mensonges de la bourgeoisie française, de ses collaborateurs de classe de la sociale-démocratie à l’origine des pouvoirs spéciaux confiés aux tortionnaires.
Ce mea culpa officiel français soudain est plus que douteux.
Notre peuple n’est pas dupe pour accepter n’importe quoi. Le compte n’y est pas (* lire plus bas ce que le peuple algérien endura en 1957).
Non, depuis l’indépendance, les relations avec l’ancienne puissance coloniale ont été tumultueuses pour une raison bien simple. Il ne peut y avoir de relations fraternelles entre les peuples et les oligarchies impérialistes, quelles qu’elles soient, française, américaine, allemande, etc. Et qui plus est, avec notre bourgeoisie qui tient le pays dans ses griffes et qui est poings liés avec ces puissances pour se maintenir au pouvoir. Les puissances impérialistes emploient la ruse, la corruption et les fausses promesses pour assurer l’expansion de leurs profits. Elles recourent sans hésitation au langage de la force et de la domination quand leurs intérêts sont menacés par la mobilisation consciente des travailleurs et des peuples.
Les relations fraternelles sont impossibles entre les États sous le capitalisme. Seul le socialisme sonnera le glas de ce système prédateur. Il instaurera des relations fraternelles entre les peuples, librement consenties, dans le respect mutuel des souverainetés nationales de chaque État et d’égal à égal.
Lies Sahoura