Pierre Daum décrypte à sa manière les massacres de Bentalha

lundi 4 septembre 2017
par  Alger republicain

Ancien journaliste de Libération, il a décidé de se pencher sur la « décennie rouge ». Libération est ce fameux quotidien français à qui le peuple algérien martyrisé par les hordes barbares doit le fameux « qui-tue-qui ? »

Daum a écrit sur les harkis et les pieds-noirs, renversant, il faut le reconnaître, les clichés pernicieux répandus dans l’ancienne métropole par les milieux qui n’ont pas digéré à ce jour l’indépendance de l’Algérie. D’où la bienveillance qu’il s’est attirée chez certains de ses lecteurs en Algérie. Il s’est fixé cette fois-ci pour objectif de rendre visite aux rescapés des massacres perpétrés par les hordes obscurantistes à Bentalha de 1997, à 25 km de la capitale.

Dans « Le Monde diplomatique » du mois d’août, le lecteur peut lire son décryptage personnel de cet épisode sanglant de la terreur islamiste.

Son reportage serait passé inaperçu si les autorités algériennes ne lui en avaient pas assuré la notoriété en interdisant la diffusion du mensuel en question, sans explication ni information aux lecteurs algériens sur les raisons de leur décision.
On peut désapprouver cette mesure ou au contraire l’approuver vu la légèreté ou les calculs malveillants avec lesquels le journaliste a pris la liberté de traiter du dossier des crimes et des massacres abominables commis sous couvert de retour aux « valeurs islamiques ». Nous ne sommes quant à nous nullement adeptes d’une liberté d’expression absolue qui absout les criminels, leur cherche des circonstances atténuantes, encore moins quand ceux qui s’abritent derrière l’exercice de ce « droit » s’acharnent à vouloir donner la parole à l’un de ceux qui ont semé la mort.

Que penserait-on en France d’un journaliste qui, au nom de la liberté d’expression, aurait remué ciel et terre pour retrouver le commanditaire de la boucherie du Bataclan et lui fournir une tribune pour expliquer en long et en large les « motifs » de son « action » ? On nous rétorquera que cette liberté est sacrée en France même si, pour choquante qu’elle soit dans ce cas d’espèce, elle doit bénéficier à un sinistre criminel. On aurait aimé le croire si les défenseurs de la liberté d’expression en France n’avaient pas trouvé normal de priver le provocateur Dieudonné de son « droit » à donner des spectacles « humoristiques » pour simple présomption de « négationnisme ».

Passons. Daum conclut son article par une petite note de bas de page.
« Au prétexte de ce « terrorisme résiduel », écrit-il, l’État maintient un nombre important de barrages militaires, qui rassurent mais perpétuent aussi le sentiment d’un pays en danger ».

Elle résume à merveille ses ignorances et sa grande désinvolture pour les questions de sécurité qui constituent encore une préoccupation vitale pour les citoyens. Etrange q’un journaliste postulant au rang de grand connaisseur de l’Algérie accorde si peu d’attention à l’exigence de tout un peuple pour que ses gouvernants assurent sa sécurité contre les menaces de ceux qui ont tué des dizaines de milliers de citoyens. On ne peut certes écarter la supposition que l’action criminelle de groupes abreuvés à une lecteur obscurantiste de l’Islam fasse le jeu de milieux du pouvoir à la recherche de prétextes pour empêcher toute protestation de masse contre la poursuite de leurs projets économiques et sociaux antipopulaires.

Ce qui est indéniable c’est que ces assoiffés de sang sont manipulables et le sont effectivement par toutes les forces au service des privilèges d’une minorité de possédants, à commencer par les Etats impérialistes les plus « démocratiques », soutenant avec constance l’intégrisme pour bloquer l’émancipation des pays qu’ils dominent.

La visite en Arabie saoudite de Hollande et celle, deux ans après, de Trump, n’avaient-elles pas traduit de la façon la plus caricaturale leurs objectifs de classe ? Et la grande amitié franco-afghane qui liait BHL au sanguinaire Massoud, que fut-elle ? Une parfaite illustration de la déchéance du pays des « Lumières » sous la gouvernance d’une classe bourgeoise devenue ultra-réactionnaire depuis un siècle et demi après avoir définitivement épuisé son rôle révolutionnaire dans la lutte contre la féodalité, la monarchie et le pouvoir de l’Eglise sur les consciences.

Pour finir, on se serait attendu que Pierre Daum, par simple raisonnement analogique, se mette à persifler la présence permanente de milliers de paras patrouillant lourdement armés dans les lieux publics de France. La pertinence de cet imposant dispositif mis en place suite aux actions criminelles de groupes totalisant à peine 10 personnes ne suscite que peu de questions chez les journalistes français. Daum n’y fait pas exception. Pourquoi s’abstient-il d’y voir une volonté de « perpétuer le sentiment d’un pays en danger » ? Ce serait pourtant une opinion plausible au vu de l’acharnement des gouvernants de ce pays à mener tambour battant une offensive en règle contre les conquêtes sociales des travailleurs français. Sauf qu’un journaliste formé dans la vénération du sacro-saint capitalisme, s’appellerait-il Pierre Daum, n’ira pas jusqu’à nous faire l’hypothèse que sous le « prétexte de terrorisme » se dissimulent les buts réels des gardiens du Capital.

Z.B.