Pierre Daum , en reportage à Bentalha, succombe à radio trottoir

mercredi 6 septembre 2017
par  Alger républicain

Monsieur Pierre Daum journaliste, auteur de livres sur les harkis et les pieds-noirs, vient de présenter ses dernières découvertes sur l’Algérie. Dans Le Monde diplomatique du mois d’août il a consacré son reportage aux massacres perpétrés par les groupes islamiques durant les années 1990.

Le journaliste est d’une grande subtilité. « Il faut suivre le voleur jusqu’à la porte de sa demeure », comme dit l’adage algérien car Daum finira par révéler ses objectifs intimes lorsque sa réputation de spécialiste sera suffisamment bien assise pour qu’il se décide de passer aux choses « plus sérieuses ». Notons simplement que dans ce reportage ce n’est pas l’ensemble du mouvement islamiste obscurantiste que Daum désigne comme le responsable des tueries qui ont ensanglanté le pays. Seul le sigle du GIA est scandé de bout en bout de son écrit. Quand on sait que dans le subconscient français et international conditionné par la propagande « qui-tue-quiste » le GIA n’est rien d’autre qu’une création de l’armée, on ne peut s’empêcher de se demander si Daum ne laisse pas pour l’instant à d’autres le soin de tirer les conclusions prédéterminées en pointillés pour relancer le momentt venu une campagne sur la « vérité sur les crimes d’où qu’ils viennent ». Est-ce un hasard si des journaux algériens en mal de chiffres de ventes en viennent à assurer une grosse couverture médiatique à la dernière manifestation des « familles de disparus ».

Pour commencer, le comptage de nos morts de la « guerre civile » tel qu’effectué par Daum. Quand y-a-t-il eu une guerre civile en Algérie ? Moi qui suis citoyen, travailleur et père de famille, je ne possède pas d’arme et je n’ai pas fait de guerre contre une autre partie de mes compatriotes. Des millions de citoyens comme moi ont vécu l’atroce vague de terrorisme qui s’est abattue sur nous pendant qu’un grand nombre de pays européens, dits « démocratiques », notamment, n’ont pas même eu l’honneur de se solidariser avec un peuple qui, de toutes les façons a montré qu’il pouvait faire face seul au désastre et n’avait nul besoin de la sympathie de son ancien oppresseur. On appela cela « guerre civile » car cela se vendait bien dans la presse occidentale notamment française et surtout, cela déculpabilisait de ne pas se sentir concerné et de ne pas porter aide et assistance. François Mitterrand avait intimé l’ordre de reprendre le processus électoral, oubliant que l’Algérie n’était plus ces fameux « trois départements de France ». Il y eut ensuite le « qui tue qui en Algérie ? » répandu par les socialistes et le Monde puis la campagne pour la création d’une commission d’enquête internationale. Mais les Algériens eux, savaient qui les tuait et les poussait à l’exil.

Pierre Daum après avoir ressassé le chapitre de la guerre civile, fait une description rapide et très sommaire de l’état des lieux en Algérie aujourd’hui. Ainsi nous apprenons entre autres informations que de pauvres « communistes » algériens vivent un drame car ils ne peuvent plus boire de vin au restaurant … et sont obligés de vider leur bouteille derrière des persiennes minutieusement fermées. Nous avons là la classique présentation malveillante et grossière dictée par le désir de dénigrement des communistes en les présentant comme des gens coupés de leur société. Lorsque l’on veut expliquer les choses comme elles le sont et lorsque l’on a l’expérience journalistique de Daum, on doit savoir que les communistes voient dans le travail de propagation d’une conception fermée de l’Islam le but de détourner les masses de leur riposte unie aux attaques de la bourgeoisie contre leurs intérêts. Il aurait pu expliquer cela. Mais Pierre Daum sert sa définition au lectorat du Monde diplomatique. Il donnerait d’ailleurs presque la liste des restaurants qui servent « encore » de l’alcool dont nous rappellerons juste pour « mémoire » que cette boisson ne fait déjà pas partie de la tradition alimentaire algérienne qui est tout autre et elle ne peut donc être considérée comme elle le serait en France, pays des grands crus mais notre journaliste, touriste politique, ignore cela et il montre dans son papier combien il ne connait pas l’Algérie.

Ce radio trottoir prétend donner l’état des lieux d’un pays où il s’est trouvé une mission qui lui permet de dire que tout va mal en Algérie.

L’interdiction de la diffusion de ce numéro du « Monde diplo » est contestable et de plus, elle a permis de faire lire davantage un papier qui ne méritait pas tant et lui a en tous les cas, servi de campagne de publicité.

Lorsqu’il cite une personne rencontrée parlant de l’armée qui a organisé les massacres, notamment celui de Bentalha, nous nous demandons quelles sources d’archives il a consultées pour consolider de telles déclarations et nous nous demandons aussi si ce monsieur a pensé à ces pays qui aiment tellement les ressources entreposées dans le sous-sol algérien qu’ils ont encouragé les terroristes et leurs chefs à venir résider chez eux parce qu’ils étaient en danger en Algérie. Mais là, il n’a pas jugé utile de rappeler les problèmes de mémoire de la France à ce sujet.

Les cartes de séjour octroyées gracieusement par les pays européens, dont la France, aux porteurs de mort pleuvaient à une époque où il était très difficile pour certains de seulement obtenir un visa. Abderrahmane Fardeheb professeur d’université, intellectuel de haut niveau fut ainsi assassiné à Oran après un refus du visa qu’il avait demandé pour la France suite aux menaces de mort qu’il avait reçues.

Pierre Daum parle aussi d’un « coup d’état en 1992 ». C’était l’arrêt d’un processus électoral qui avait été magistralement manipulé par le FIS qui utilisa près d’un million de carte électorales qui avaient été subtilisées par ses militants dans les mairies et jamais remises à leurs propriétaires qui ne purent pas voter et furent utilisées par les militants du FIS pour gonfler leur score électoral. Il est bon aujourd’hui de combattre le terrorisme coûte que coûte mais porter assistance à l’Algérie à un moment opportun aurait empêché beaucoup de drames de se produire.

Nous nous demandons si monsieur Pierre Daum aurait trouvé anormal qu’en France l’on interrompît des élections car une fraude massive avait été perpétrée et un danger grave menaçait le pays. Présenter les situations avec deux poids et deux mesures lorsqu’il s’agit de parler des souffrances d’un peuple est ignoble car celui-ci sera le seul à payer le prix lourd de toutes les évaluations et jugements avancés avec légèreté surtout lorsqu’ils sont émis par ceux qui prétendent le connaître.

Mohand Izem
01.09/17