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Ali Benflis et ses ambitions… de ne rien changer, de se mettre au service d’un clan bourgeois !
samedi 13 février 2016, par
On se souvient de la prétendue "vague d’intérêt" qu’aurait suscitée en juin 2015 la création du parti "Talaiou El Houriyet" que l’on traduit, sans ironie évidemment, par "Les avant-gardes des libertés". Ali Benflis ferait un tsunami dans l’opinion publique algérienne, avaient prédit ses supporters. Mais ce tsunami n’a pas provoqué ce à quoi ils s’attendaient, il s’est résumé, et encore, à un simple petit effet de ressac, comme ceux que l’on voit les matins calmes sur nos plages. Personne n’avait oublié qu’Ali Benflis avait été secrétaire général du FLN qui lui-même avait déjà perdu de son lustre d’antan. Et sa désignation comme premier ministre du gouvernement ne lui avait pas plus été d’un grand secours pour satisfaire ses ambitions. Car il avait alors, à quelques nuances près, poursuivi la même politique du pouvoir. Pas du pouvoir d’achat des travailleurs, non, du pouvoir auquel il venait d’accéder. Et aujourd’hui, avec le livre blanc qu’il vient de sortir, il ne casse toujours pas trois pattes à un canard. On efface tout et on recommence, croit-il, mais ça ne marche pas à tous les coups !
Qui avait pensé qu’il opèrerait un tournant décisif dans la politique menée jusqu’alors par ceux qui l’avaient précédé ? Pas grand-monde et à raison. Sous son règne rien n’avait changé !
Il avait espéré, il espère toujours sans l’avouer ouvertement et pour gagner la sympathie des masses, trouver la possibilité de transposer le renom du FLN, celui de la guerre de libération nationale, vers son nouveau parti, vers la situation actuelle et ainsi se faire une virginité qu’il n’a pas. Mais c’est remplir sans fin un tonneau troué.
Avec son nouveau discours, bien simpliste finalement, il croit récupérer la sympathie des Algériens. Cela ne restera qu’un songe vite évanoui malgré la longue et barbante dissertation développée dans son livre dit blanc. Quand il y parle de transition politique et qu’il dénonce une situation de quasi-vacance du pouvoir inquiétante, il ne dit rien d’autre que ce que disent certaines autres mouvances politiques. Elles aussi saturées de démagogie, une démagogie destinée, une fois de plus, à tromper, même s’il précise que cette transition sera "ordonnée, consensuelle et apaisée". Il ajoute, avec une très grande modestie, que son parti aura pour objectif de "mettre en place un cadre de militantisme démocratique qui lui survivra et qu’il veut offrir une alternative au FLN". Ses supporters peuvent donc dès maintenant ériger une statue à ce grand homme plein de retenue, de modestie et sans ambitions personnelles, puisqu’il se "consacre" à l’avenir du pays.
Il y a pourtant, pour qui sait lire entre les lignes, beaucoup, beaucoup de manques et certains, très graves dans son livre programmatique. Ainsi il n’est jamais question de régler les problèmes auxquels se heurtent les travailleurs et généralement les masses laborieuses du pays. Cela, semble-t-il, n’effleure même pas son esprit, loin s’en faut. C’est qu’il a d’autres chats à fouetter, ce brave aspirant à la présidentielle. Il prétend, répétons-le à sa suite, qu’il faut une politique "ordonnée, consensuelle et apaisée" assène-t-il sans gêne. Ces mots font peur aux esprits lucides car comment les interpréter ?
On pourrait les mettre, sans troubler son sommeil, sur le compte d’Amar Saadani, cet homme du sérail, ce politique éclairé qui a déjà tant fait pour notre peuple… et pour lui ! Mais pour leur trouver une définition exacte, reprenons les termes de son triptyque un à un :
– "Consensuel", veut-il dire : faire la paix des loups qui s’entredévorent mais qui se partagent la galette ?
– "Apaisée", c’est-à-dire faire, cesser leurs bisbilles ou trouver la "paix sociale" ? Mais les contradictions de classe ne s’effacent pas avec des mots. "Apaisée", est-ce à dire encore faire cesser les luttes des masses laborieuses ? Ça, il peut toujours courir ! Là aussi ses nuits seraient agitées de cauchemars ! Qu’il ne rêve pas, la répression qu’il envisage sous le vocable "ordonnée" n’a jamais durablement apaisé la colère d’un peuple si celui-ci est décidé à se battre.
En cas d’élections, peut-être trompera-t-il encore des électeurs, mais ce sera la fin annoncée de son aventure politique parce que, bien vite, ils découvriront qu’il n’est pas "l’homme nouveau" qu’il veut faire croire avec son programme "novateur" qui n’a rien de nouveau sauf peut-être au niveau du vocabulaire, et encore ! Il est tout juste commun avec quelques variantes à celui d’Amar Saadani, le bien nommé "théoricien" et responsable du FLN !
Comme le dit un adage de chez nous, Hadj Zoubir, c’est Zoubir El Hadj, c’est du pareil au même ! Et remplacer l’actuel FLN par "Talaiou el Houriyet", c’est tenter de recommencer la même politique avec une nouvelle étiquette. En définitive, il ne peut y avoir dans notre pays un homme providentiel qui ne se démarquerait pas du capitalisme rapace. De toutes les façons, tous les capitalismes, quels que soient leurs masques, sont, rapaces par nature !
Seul le socialisme avec le soutien des travailleurs peut changer ce monde qui se croit immuable.
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Malik Antar
13.02.16